Publié le : 1 décembre 2020
Éduquer à la gratuité
Pour les chefs d’établissement de l’Addec, éduquer les élèves au bien commun est plus que jamais une urgence. D’où le choix de ce thème pour leur session de formation du 19 novembre dernier. Une matinée dense qui a captivé plus de soixante participants.
Sylvie Horguelin
Pour la première fois depuis sa création en 1872, l’Alliance des directeurs et directrices de l’enseignement chrétien (Addec) a tenu sa session annuelle en distanciel, dans un format resserré, le 19 novembre dernier. Et même si l’aspect convivial en a pâti, pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître : une matinée durant, des interventions de grande qualité se sont succédé, suivies d’échanges avec la soixantaine de participants. Thème choisi pour cette formation : « Éduquer au bien commun… un défi, une urgence, une chance ».
Le bien commun, c’est « l’ensemble des conditions sociales permettant à la personne d’atteindre mieux et plus facilement son plein épanouissement », a déclaré d’emblée Mgr Le Vert, président de l’Addec, en citant l’encyclique Mater et magistra. « Ce bien possède une dimension de gratuité », contrairement à « l’intérêt général, qui est intéressé », et il est « commun » parce que « c’est tous ensemble qu’on peut le réaliser », a-t-il expliqué. Et de souligner que ces deux mots reviennent trente-trois fois dans l’encyclique Fratelli tutti, le pape François ayant à cœur de relier cette notion avec celle de fraternité. Si le souverain pontife insiste tant, c’est que la survie de nos sociétés en dépend « face à la place qu’ont pris les intérêts individuels et l’égocentrisme », a précisé Mgr Le Vert.
Éduquer au bien commun, c’est donc « apprendre aux jeunes à vivre et agir pour les autres », a poursuivi le père Jean-Bernard Plessy, secrétaire général de l’Addec. Un remède contre « l’inclination à la dépression et au suicide », selon lui. Rien de plus difficile pourtant que cette éducation qui suppose une « conversion des mœurs en matière d’éthique fondamentale et de bioéthique » !
Une vision franciscaine du monde
Pour Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique, cette éducation spécifique est l’une des raisons d’être de son réseau d’établissements. Elle permet de répondre à la question, au cœur de la démarche prospective lancée dans tous les territoires : « Si nous n’étions pas présents, que manquerait-il ? ». Et éduquer au bien commun passe par l’exemple. Mais sommes-nous, comme le bon Samaritain qui s’arrête pour secourir le plus fragile, ou passons-nous notre chemin ?, a-t-il lancé, en ajoutant que « "l’option préférentielle pour les pauvres" n’était pas une option pour l’enseignement catholique car elle est au cœur de l’Évangile » D’où cette priorité : « Je serai attentif à ce que les projets de développement de l’enseignement catholique permettent d’accroître la mixité sociale, scolaire et religieuse pour répondre aux défis de notre société d’aujourd’hui ».
En écho, le théologien Fabien Revol, professeur à la Catho de Lyon, a élargi le prisme : « La prise en compte du pauvre comprend désormais la sauvegarde de la Création ». De fait, le pape François « a créé une nouvelle catégorie de pauvres » : la planète qui est personnifiée. « On ne peut plus distinguer la crise écologique de la prise en charge de la pauvreté humaine », a expliqué Fabien Revol. Aussi nous faut-il « entrer dans une vision franciscaine du monde qui considère toutes les créatures (animaux, végétaux, minéraux…) comme un frère ou une sœur ». C’est tout le sens de l’éducation à l’écologie intégrale.
Il revenait à Mgr Le Vert de conclure : « Le pape François nous invite à créer des espaces où réfléchir au bien commun. Que l’Addec soit l’un de ces lieux, un espace de fraternité ! ».
Rendez-vous est déjà pris pour une prochaine session, du 13 au 15 octobre 2021 à Saint-Jacut-de-la-Mer (22), où il fera bon humer l’air du grand large.
Retrouvez
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des interventions sur :
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