Mis à jour le : 29 septembre 2022 / Publié le : 23 septembre 2022

Des moyens qui font grimper la moyenne

Remédiations ciblées, ateliers sur les compétences psycho-sociales et accompagnement renforcé des difficultés de comportement… Les dispositifs mis en place à la faveur du Contrat local d’accompagnement signé à la rentrée 2021, au titre de la participation de l’établissement à l’éducation prioritaire, ont déjà prouvé leur efficacité auprès des collégiens de Saint-Benoît de Maupertuis, au Mans.

Attentifs et appliqués, six collégiens manceaux de Saint-Benoit-Maupertuis se remémorent, ensemble, les caractéristiques d’une phrase complexe, en vue du DNB qui approche. « Ici on travaille les exercices comme à l’exam, avec la correction de la prof en direct, en petit groupe pour mieux apprendre. Et ça marche ! » affirment deux d’entre eux, Amine et Billel, bulletins de notes à l’appui. Comme environ deux-tiers des collégiens de Saint-Benoît, qui scolarise en majorité les jeunes du quartier populaire et multiculturel voisin des Sablons et compte 62% de boursiers, ils ont bénéficié d’heures de Coup de pouce, l’un des dispositifs mis en place à la faveur du Contrat local d’accompagnement signé à la rentrée 2021.

 « Nous tâtonnions depuis quelques années pour endiguer la baisse de nos résultats, notamment en français, détaillent Stéphanie Hubert et Amel Aounti, enseignantes référentes du Coup de pouce : Les moyens supplémentaires du CLA nous ont permis de formaliser une heure par semaine de remédiation inclue dans l’emploi du temps, mise en barrette sur des heures de permanence. Les groupes sont constitués par les professeurs principaux et réajustés régulièrement en fonction des besoins. Nous avons aussi élaboré des outils de liaison comme un tableau d’objectifs pédagogiques affiché dans chaque classe et un contrat informel avec les familles afin d’optimiser l’aide apportée. »

En complément, les 3e bénéficient en prime de séquences de révisions du DNB organisées certains mercredi après-midi et durant les vacances ainsi que de l’heure hebdomadaire d’aide aux devoirs proposée à chaque niveau de classe. Au total, une dizaine d’enseignants ont participé à ces divers dispositifs, rémunérés via 100 HSE et huit IMP (indemnités pour mission particulière) allouées par le CLA. « Les élèves sont mis en confiance car ils réussissent mieux avec ce soutien sur mesure qui s’appuie sur une coopération accrue entre enseignants », confirme Jean-François Chauvin, chef d’établissement qui apprécie aussi que l’aide apportée aux plus fragiles permette par ailleurs de consacrer du temps et de l’énergie à développer un parcours « anglais renforcé » qui vise à maintenir l’équilibre de sa population scolaire. Pour Marie Blossier, enseignante de SVT qui assure les Coups de pouce en maths des 4e«, la nouvelle organisation permise par les CLA a encore accrue la cohésion de l'équipe: " Ces temps de travail individualisés ont beaucoup enrichi la relation aux élèves mis en confiance. Notamment parce qu’ils réussissent leurs évaluation grâce à une préparation sur mesure en concertation avec les enseignants de chaque classe. Le travail en équipe s’en retrouve lui aussi dynamisé d’autant ! ».

Le CLA a également permis de renforcer la vie scolaire d’un mi-temps pour mieux encadrer les études, pour animer des ateliers créatifs apportant des bulles de calme et des échanges sur la pause méridienne ainsi que pour apporter une réponse spécifique aux problèmes de comportement.

Chaque classe a enfin bénéficié de quatre séances sur la confiance en soi et la gestion des émotions qu’il est prévu d’étoffer l’an prochain. Quant aux parents, ils se sont vus proposés des ateliers sur la maîtrise des outils numériques de liaison Famille-école.

Parmi les effets observés, au-delà du pourcentage de réussite au DNB, passé de 87 à 93% - dont deux-tiers de mention- et de la hausse générale des moyennes : une baisse des faits de cours et des conseils de discipline (un seul sur l’année) et une présence accrue des familles aux bilans matières proposés en février. Au final, c’est bien tout le climat scolaire de Saint-Benoît qui a bénéficié de l’embellie CLA !

 

Le dispositif d'auto-régulation: un précieux renfort du médico-social

 

En 2021, Saint-Benoît a aussi lancé un Dispositif d’auto-régulation avec l’Agence régionale de santé. Il consiste à accueillir au sein de l’établissement, un pôle santé composé d’acteurs du secteur médico-social adossés à un enseignant spécialisé octroyé par le plan des réussites éducatives de l’Enseignement catholique. Au total, ce sont cinq professionnels -trois aide-médico-psychologique et éducateur, avec le renfort ponctuel d’une psychomotricienne et d’une psychologue- qui viennent étoffer l’équipe enseignante de Saint-Benoit.

Pour les accueillir, il a fallu « pousser les murs » et mettre à disposition de ce nouveau pôle une salle d’étude et deux petites salles refuges attenantes pour ménager des possibilités d’isoler les jeunes. Un préfabriqué remplace temporairement la salle d’étude dans l’attente de la finalisation d’une extension financée grâce à un fonds de solidarité diocésain et un prêt.

A terme le DAR permettra l’inclusion de six élèves souffrant de troubles du spectre autistique. Et ce dans tous les cours hormis les arts plastiques et la musique, trop bruyants et sans AESH, le personnel médico-social s’y substituant : «  Nous sommes là pour prêter main forte si besoin, pour alléger le stress que peut générer une classe trop bruyante, pour aider la gestion du cartable et les déplacements dans l’établissement. On se fait le plus discret possible mais on est particulièrement vigilants aux relations entre pairs », explique Sylvie Maillard, aide médico-sychologique du Dar.

Le DAR a formé l’ensemble des personnels du collège à l’enseignement explicite ainsi qu’à la pédagogie positive. En prime, il assure une supervision pendant les trois prochaines années, à raison de deux visites par an. De plus, il peut mobiliser son expertise au service des élèves relevant du dispositif Ulis ou présentant des difficultés de comportement. En plus d’ateliers jeu et écriture ouvert à tous les élèves sur la pause méridienne, ils ont reçu et suivi au cours de l’année une quinzaine d’élèves non autiste mais présentant des difficultés de comportement.

Pour Céline Manceau, l’enseignante ASH du dispositif d’autorégulation, le DAR permet d’expérimenter une nouvelle forme d’accompagnement, intégralement sur mesure, en réajustement perpétuel et surtout exercé de manière collégiale : « Cette réassurance au quotidien à travers les échanges avec les collègues du médico-social est ce qui tranche le plus avec ma pratique antérieure d’enseignante spécialisée, souvent solitaire. » Dans le collectif plus large de l’établissement, Céline Manceau entend bien faire profiter de son expertise en matière de blocage cognitif à l’image de l’appui ponctuel que les personnels du pôle médico-social apportent aux enseignants ou aux personnels de vie scolaire : « Ce statut de personne ressources s’appuie sur une relation de confiance qui se construit progressivement et permettra que chaque enseignant intériorise une culture de la différenciation et de l’adaptation. »  Pour Sylvie Maillard, l’aide médico-psychologique avec qui elle forme un tandem de choc, le Dar aide à ce que l’école prenne mieux prendre en compte la dimension éducative et psychologique, ce qui devient incontournable, vu l’augmentation de la proportion d’élèves en grande difficulté ».

C’est pourquoi Saint-Benoit compte bien étendre le dispositif à l’école afin de prévenir et de repérer au plus tôt ces difficultés : « Une excellente nouvelle dont toute la communauté éducative se réjouit, la tolérance à la différence étant ancrée dans notre établissement qui vit la diversité au quotidien, à l’image du quartier où il est implanté. Tout le monde est bien conscient que le DAR apporte un appui à la gestion de classe profitable à tous les élèves » se félicite Angélina Chenet, directrice de l’école.

Marie Giraud, responsable de vie scolaire
et Tiphaine Hatton, personnelle de vie scolaire

« Le renfort d’un demi-poste CLA a apporté un vrai souffle à notre équipe de trois personnels éducatifs à temps-pleins pour 240 collégiens », résume Marie Giraud, responsable de la vie scolaire à Saint-Benoit de Maupertuis au Mans : « Cela nous a permis de mettre en place un suivi très rapproché au cas par cas et d’améliorer la qualité de la relation aux élèves. Les plus perturbateurs sont ceux qui ont le plus besoin d’attention et finissent par nous témoigner de la reconnaissance du temps individualisé qui leur est consacré ». Concrètement, grâce aux deux journées de présence de Tiphaine Hatton, nouvelle recrue CLA, les études ont été allégées et mieux accompagnées, des ateliers créatifs sur la pause méridienne ont introduit des temps d’écoute et d’échanges. Surtout, une réponse spécifique aux problèmes de comportement a été mise en place : « Chaque exclusion de cours donne lieu à un contrat avec au moins un entretien hebdomadaire. Sur l’année, j’ai ainsi suivi une quinzaine de jeunes pour travailler sur l’empathie, la ponctualité ou l’assiduité… et obtenu des résultats ! », témoigne la jeune femme.

Imrane, 3e

 Je viens d’un collège public et ici je trouve qu’on reçoit beaucoup plus d’aide pour apprendre. On connaît mieux nos profs qu’on voit en petit groupe et comme le chef d’établissement, ils sont à l’écoute, très disponible. On peut discuter avec eux dans la cour facilement. C’est aussi très bien de pouvoir faire ses devoirs à l’école : on travaille comme en vrai, bien mieux qu’à la maison où on libère du temps pour autre chose !

 

Naya, 3e

 Arrivée cette année, suite à un déménagement, j’apprécie beaucoup le mélange de personnes différentes, tant parmi les profs que les élèves. Dans mon ancien collège public de campagne, c’était très uniforme : tout le monde venait des mêmes villages, pensait pareil et s’habillait pareil. Ici j’ai aussi reçu de l’aide pour mon orientation et pu faire des stages dans des filières professionnelles.

 

Christelle BRAY, maman de Mael en 4e

Un redoublement, le covid, des problèmes à la maison… pour Mael, en 4e, ça fait beaucoup. Il est à fleur de peau, très difficile, perturbe la classe. La maison des adolescents a arrêté son suivi faute d’effectif mais à Saint-Benoit, ils tiennent compte de ses difficultés personnelles et ils m’ont promis qu’ils ne nous laisseraient pas tomber. Leur Coup de pouce en math, soutien en petit groupe, a été très efficace pour lui qui marche beaucoup à l’affectif et souffre de dyslexie. J’apprécie aussi beaucoup les échanges très réguliers avec la responsable de la vie scolaire et son professeur principal avec qui j’ai un rendez-vous mensuel et de nombreux échanges de mails. Grâce à tout ce suivi, il a pu faire un stage en menuiserie et postuler pour une 3e prépa-métier, sans parler des propositions d’activités sportives et de sorties qui sont un vrai plus aussi.

 

Nadjma Mokrani, maman de Billel en 3e

Ici on discute vrai avec le directeur. Mon aîné a été viré du public en fin d’année de 3e pour une bêtise entre enfants et réinscrit de justesse ici à quelques mois du brevet… Là-bas, ils menaçaient de le mettre en prison et ici, ils me félicitent pour mon éducation. Pourtant, j’ai eu le même discours avec les deux directeurs mais ici ils ont accepté de donner une seconde chance. Mon cadet va bien réussir son brevet grâce à leur préparation et aux Coups de pouce. Il est motivé, il aime ses profs car il sait qu’ils se soucient de lui.

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