Mis à jour le : 20 avril 2020 / Publié le : 26 mars 2020
Cours de cuisine en tuto
Frédéric de Ravinel, chef d’établissement du Lycée des métiers Sainte-Anne, à Saint-Nazaire (44), spécialisé dans l’hôtellerie, la restauration, la santé et le social, explique comment il s’est réorganisé avec son équipe depuis le 16 mars dernier.
Propos recueillis par Mireille Broussous
Comment avez-vous abordé cette période de confinement ?
Frédéric de Ravinel : Nous disposons d’une cantine classique, d’un restaurant pédagogique et d’un restaurant d’application et servons 600 repas par jour. Heureusement, nous avons anticipé au maximum l’arrêt de l’établissement. Ainsi, nous avions déjà limité certains achats, par exemple celui des yaourts. En temps habituel, nous en commandons 1 000 pour une semaine. Qu’en aurions-nous fait si nous avions procédé aux commandes habituelles ?
Néanmoins, nous avions l’équivalent de trois semaines d’exploitation. Dans la perspective du confinement, les stocks ont été revendus à prix coûtant aux enseignants et ce qui restait a été donné à des associations. Puis nous avons tout nettoyé à fond. Les frigos ont été vidés et débranchés. Nous devinions que cette situation inédite durerait plusieurs semaines.
Comment se déroulent les conseils de classe et les inscriptions pour l’an prochain ?
F de R. : Des conseils de classe ont eu lieu par visioconférence. Les enseignants se sont mis d’accord sur les appréciations grâce à la plateforme collaborative Microsoft Teams ou parfois tout simplement par mails. Les dossiers destinés à Parcoursup ont pu être remplis. C’était important de le faire car c’est un moment crucial pour les élèves de terminale. Ils ne doivent pas être pénalisés.
Par ailleurs, moi-même et d’autres membres de l’équipe réceptionnons à domicile les dossiers d’inscription pour l’année prochaine et nous les gérons à distance.
Comment assurez-vous la continuité pédagogique de spécialités comme la cuisine ou l’hôtellerie ?
F de R. : Nous avons fait le choix, il y a quelques années, d’équiper de tablettes les professeurs et les élèves. Les professeurs, notamment ceux qui enseignent les matières professionnelles, maîtrisent parfaitement les outils et sont pour la plupart à la pointe en matière de nouvelles technologies. Du coup, ils sont capables d’élaborer eux-mêmes des tutos et de les mettre en ligne. Ils utilisent aussi les ressources pédagogiques très riches mises à disposition par l’académie de Versailles. Ce n’est donc pas une démarche qu’ils découvrent. Il existe d’ailleurs un groupe d’enseignants dans l’établissement qui présente tous les mois une nouvelle appli. Malgré tout, la mise en pratique par les élèves sera difficile. Et surtout, des stages n’auront pas lieu alors que vingt-deux semaines en entreprise sont nécessaires pour obtenir le bac professionnel. Nous espérons qu’il y aura un assouplissement des règles.
Cette crise risque-t-elle de remettre en cause l’équilibre économique de l’établissement ?
F de R. : Notre gros établissement se porte bien. Nous avons la trésorerie nécessaire pour passer ce cap. Les petits établissements auront plus de mal. Pour le moment, nous ne pensons pas recourir au chômage partiel pour le personnel Ogec dont nous maintenons bien sûr le salaire. Par ailleurs, nous avons décidé de ne pas facturer l’internat ni la restauration aux familles. Ce serait la double peine pour les parents : payer la cantine et nourrir leurs enfants à la maison…