Mis à jour le : 5 juin 2024 / Publié le : 7 juin 2016
Questions / Réponses
Non, bien sûr : il s’agit au contraire de s’appuyer sur toutes les belles dynamiques à l’œuvre au sein de nos établissements et de nos communautés éducatives. En revanche, parler de réenchantement, c’est accepter de tenir compte :
- d’un discours sur l’éducation parfois fortement marqué par la remise en cause systématique, la dévalorisation, le sentiment d’impuissance ;
- du poids que le regard de la société sur le système éducatif fait porter à ses principaux acteurs.
Comment dès lors éduquer dans une société marquée par ce désenchantement, sans s’y complaire mais au contraire en vivifiant toujours plus une source et un horizon d’espérance ? Tel est l’enjeu de la démarche proposée.
Ils sont forts. Sans doute peut-on penser le réenchantement comme le quatrième temps d’un fil conducteur que l’Ecole catholique n’a jamais cessé de tisser depuis plus de vingt-cinq ans. On pourrait remonter plus loin encore, mais il n’est pas difficile de retracer le chemin qui part de « Donner du sens à l’Ecole » (années 90), qui passe ensuite par la phase des Assises (années 2000) puis par l’Ecole de la liberté et de l’exploration (fin des années 2000 et début des années 2010), pour aboutir à Réenchanter l’Ecole.
À chaque fois, l’Enseignement catholique s’efforce de lire les signes des temps, et de répondre aux attentes et aux besoins des jeunes et de la société. Il déploie ainsi une sorte d’aller et retour permanent entre la nécessité d’inscrire toute démarche éducative dans une conception de la personne nourrie de l’Evangile et la volonté de construire un projet d’éducation pour le monde d’aujourd’hui et de demain.
Les trois piliers de cette démarche de réenchantement : penser, explorer, partager, s’inscrivent donc profondément dans le sillon tracé par les étapes précédentes. Et d’ailleurs c’est bien la raison pour laquelle un certain nombre de ressources qui seront proposées sur le site aux acteurs des communautés éducatives attestent explicitement de cette continuité.
Non, mais elle propose d’inverser la logique pour d’abord s’ancrer dans la vie de chaque communauté. Nous irons peu à peu vers des rassemblements, mais nous choisissons délibérément de ne pas en faire un point de départ. Pourquoi ? Parce que nous portons la volonté que cette démarche s’adresse véritablement à toutes et à tous.
Cela implique de prendre tout le temps requis pour que ce qui constitue d’abord et avant tout une invitation puisse rejoindre celles et ceux qui accepteront de la recevoir... et pour qu’elle puisse s’inscrire dans l’histoire et le contexte spécifiques de chaque communauté.
Chacun connaît l’appel du Christ à Simon : « Avance au large » (Luc 5, 11). Avancer au large, dans la modestie, la joie et la confiance, c’est bien de cela qu’il est question ici !
Comme l’affirmait le Concile Vatican II, « L’Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques » (Gaudium et Spes 4, 1). Tenter, ensemble, de répondre aux questions qui se posent aujourd’hui à l’Ecole, en choisissant de « scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Evangile », telle est bien l’une des ambitions majeures du mouvement de réenchantement que nous proposons.
Et cette ambition comporte bien une dimension essentiellement communautaire. Elle est affaire de fraternité, c’est-à-dire en dernière analyse de communion : « Dans cette expression particulière de l’Eglise qu’est l’Ecole catholique, la spiritualité de la communion doit devenir la respiration de la communauté éducative » (« Eduquer ensemble dans l’Ecole catholique », Congrégation pour l’éducation catholique, 2007).
On aurait envie de répondre de façon un peu provocatrice … « rien du tout » ! La démarche proposée ne vise surtout pas à rajouter une couche au « millefeuilles » des injonctions diverses et variées, qu’elles viennent de l’externe ou de l’interne. En revanche, et c’est par exemple le sens des rendez-vous de la fraternité, elle invite à la relecture de ce qui est vécu et engagé par chaque communauté.
Il ne s’agit pas d’abord de faire plus, mais au contraire de peut-être ralentir, de prendre le temps de valoriser, de relier, de décloisonner ce qui se vit pour mieux déployer le projet et la mission partagés.
Dans la bulle par laquelle il annonçait l’ouverture en décembre 2015 de l’année de la Miséricorde, le pape François écrivait que partout « là où il y a des chrétiens, quiconque doit pouvoir trouver une oasis de miséricorde ». Dans son texte de lancement et d’invitation à réenchanter l’Ecole, Pascal Balmand utilise quant à lui, au sujet des rendez-vous de la fraternité, l’image d’une « oasis de décélération ». Peut-être faut-il voir là davantage qu’une simple coïncidence lexicale : en des temps où nous pouvons être asphyxiés par le poids du « faire », sachons ensemble retrouver l’élan du « souffle ».
Il y a, effectivement, à sans cesse définir un équilibre exigeant et parfois délicat si l’on ne veut pas que le mot de réenchantement s’use ou devienne une simple incantation.
Parler de réenchantement c’est, à la fois, accepter de regarder ce qui peut être désenchanté, sans s’y enfermer, ni s’y résigner, et s’engager toujours davantage dans la reconnaissance de chacun, pour partager, en actes, l’espérance qui nourrit l’action de l’Ecole catholique.
Réenchanter l’Ecole c’est ainsi faire le choix de développer l’attention, la disponibilité, tout comme le tact et l’humilité nécessaires pour accueillir les fragilités et les manques constitutifs de nos personnes et de nos organisations : non dans une attitude désabusée ou pessimiste, mais encore et toujours dans la confiance et dans l’espérance.
Il ne s’agit surtout pas de rajouter un « nouveau » projet à ceux-ci. En revanche, on peut penser que ce qui va s’inventer dans le fil de la démarche constituera une invitation à relire, « revisiter » ces projets.
De ce point de vue, Réenchanter l’Ecole ne vient pas en surplomb de ces différents projets, mais se met au contraire à leur service, vient se « nicher » à l’intérieur de ceux-ci pour aider au questionnement et à la cohérence.
Et n’oublions surtout pas les élèves !... Ni, par ailleurs, tous ces bénévoles sans l’engagement desquels nos établissements ne seraient pas ce qu’ils sont…
Réenchanter l’Ecole c’est avoir la conviction que l’une des priorités pour aller vers « la vie bonne » évoquée dans la dernière encyclique du pape François, c’est-à-dire pour nous à l’Ecole, un mieux vivre et un mieux apprendre ensemble, tient à la volonté que nous aurons de relier ce qui ne l’est pas, de décloisonner une vie éducative qui court le risque de la dispersion et de la discontinuité. Alors oui, bien sûr, la démarche proposée ne laisse de côté aucune des composantes de la communauté éducative.
Non. Elle est une invitation adressée à tout l’Enseignement catholique. Diocèses, congrégations, organismes nationaux, structures diverses et variées, etc. Invitation à la relecture de nos fonctionnements, invitation à la créativité et à l’imagination pour répondre aux défis du temps présent.
Il s’agit bien d’éviter la spirale de la dispersion et de la fuite en avant qui nous fait, parfois, sauter trop rapidement d’un projet à un autre.
La démarche est d’abord coopérative et participative ; elle prendra donc le temps de la construction commune progressive. Façon d’expliquer son point de départ, que certains pourraient juger trop lent. Il nous faut accepter de rentrer ensemble dans un cheminement qui est d’abord intérieur.
Nous sentons tous qu’il nous faut nous déplacer pour sortir d’une sorte d’engrenage qui nous pousse à toujours vouloir faire plus… et trop souvent, plus vite. Réenchanter l’Ecole, c’est essayer de sortir de ce mouvement qui nous expose au risque de l’épuisement.
Nous avons à inventer un rythme raisonnable, accessible à tous, pour construire ce cheminement. Ce rythme sera marqué par des rendez-vous à construire dans la liberté des initiatives des uns et des autres.
Nous nous engageons donc dans une démarche paisible, qui choisit de s’inscrire dans le moyen terme, sur une échelle de plusieurs années.
Non, au contraire. Si cette démarche entend « ouvrir les fenêtres » et refuse tout repli de l’Ecole catholique sur elle-même, elle ne se fonde pas sur une logique de « communication ».
Elle fait à l’inverse le pari d’oser regarder nos limites et nos fragilités sans nous y résigner, parce qu’elle nous invite aussi et d’abord à identifier toutes nos richesses pour encore mieux les déployer. Elle n’aura de sens que par l’authenticité qu’elle permettra à tous ses acteurs d’adopter.
De ce point de vue, le fait de donner à voir notre attention à la vulnérabilité dans un environnement qui valorise tellement la compétition et la performance ne relève pas d’une recherche d’image, mais constitue un message à partager avec la société.
La démarche ne doit pas se rajouter à l’existant, mais s’inscrire à l’intérieur des préoccupations et des projets. Concrètement, pourquoi ne pas chercher à penser et à vivre la réforme du Collège à la lumière de ce que peut lui apporter l’invitation à réenchanter l’Ecole ?
Les réactions contrastées à cette réforme illustrent, précisément, le besoin de permettre à chacun de questionner le sens avant les modalités, et de partir de ce qui est vécu pour envisager ce qui est proposé. Il est donc bien nécessaire de placer toute action vis-à-vis de cette réforme dans une histoire, pour éviter le sentiment épuisant d’un éternel recommencement. Il est essentiel de permettre aux acteurs de l’Ecole d’avoir une parole sur ce qu’ils vivent. Il est tout aussi important d’écouter ce que les élèves ont à dire de leur rapport au savoir, à l’avenir, etc. Il est possible de lire, sans complaisance, et en refusant la pensée unique, cette réforme comme une occasion de rentrer encore davantage dans une démarche d’exploration et de créativité. <br /> Ainsi les trois piliers de Réenchanter l’Ecole, <b>penser, explorer, partager</b>, trouvent ici tout leur sens et ne viennent pas rajouter une strate supplémentaire à ce qui sera réfléchi et entrepris.
En effet, la réforme du collège se veut avant tout une réforme globale et pédagogique. Des enjeux et des axes s’en dégagent afin d’aider les équipes enseignantes à réfléchir et à entrer dans une dynamique des possibles.
Ces enjeux :
- L’exigence pour tous
- L’adaptation pour chacun
- De la créativité et des initiatives
- De la souplesse
- La mise en œuvre de nouvelles pratiques pédagogiques
- Une pédagogie différenciée concertée
- La valorisation du savoir-faire des enseignants
- De nouvelles organisations temporelles : semestrialisation possible de certains enseignements, quotas horaires différents…
Ainsi, apprendre de l’autre, des autres c’est aussi Réenchanter l’Ecole et peut-être …. :
Réenchanter le « nous » |
Réenchanter les savoirs |
Réenchanter les possibles |
Réenchanter la relation |
Réenchanter notre rapport au monde |
Le travail en équipe pédagogique. Le tutorat. L’accompagnement personnalisé. Les EPI et les parcours d’Avenir. L’apprentissage du travail en équipe par les élèves. La concertation pédagogique. Le croisement des programmes afin de dégager nos complémentarités. La co-animation. Le travail sur le Climat scolaire. La place donnée à l’oral dans les apprentissages |
Travailler les nouveaux programmes. Mettre en place le nouveau socle commun. Apprentissages et évaluation par compétences. L’interdisciplinarité. Croiser les savoirs. Donner du sens aux apprentissages et aux savoirs. L’accompagnement personnalisé. L’apprentissage du travail en équipe par les élèves. Les EPI. Les parcours d’Avenir… |
L’accompagnement personnalisé proposé à tous. Un accompagnement pour tous et de tous. La pédagogie de projet. Donner du sens aux apprentissages. L’apprentissage des compétences psychosociales. Lutter contre toutes les formes de décrochages scolaires. Multiplier les entrées pour permettre à tous d’être en situation de réussite. Multiplier les parcours possibles… |
L’attention à la réussite de tous. La co-animation. Le travail coopératif. Le travail collaboratif. Le travail en équipe pédagogique. Le tutorat. L’accompagnement personnalisé. L’apprentissage du travail en équipe par les élèves. La concertation pédagogique. L’attention au Climat scolaire. La prise en compte du parcours de chacun… |
S’inscrire dans des projets qui font sens pour la communauté. Travailler à la construction d’une alliance éducative. L’attention à tous et à chacun. Construire ensemble des parcours pour le plus faible comme pour le plus solide. Donner du sens pour ne pas perdre de vue notre projet. Inscrire dans notre projet d’établissement nos stratégies pour proposer d’autres alternatives au pessimisme ambiant aux collégiens… |
Les axes qui peuvent être travaillés pour que tous les élèves puissent réussir sont notamment :
- Les programmes et le socle commun : Un travail est à mener par rapport à la lecture des programmes. On peut lire en équipe l'ensemble des préambules et croiser les enjeux de sens. Ces programmes sont « cyclés » et « soclés ». Il est donc souhaitable de pouvoir en faire la lecture en miroir du socle commun de connaissances et de compétences. Cela aidera à rentrer dans la dynamique de l’interdisciplinarité et à faire des liens entre ce qui pourra être vu en classe entière et lors des EPI.
- Les EPI : Il peut être fructueux de réfléchir en équipe sur ce que le terme « Pratique » peut recouvrir dans les propositions faites par les programmes et la réforme. Ceci pour proposer des parcours où les modalités d’apprentissages et d’animation servent vraiment une dynamique nouvelle, celle d’un enseignement où l’on donne une place à l’expérimentation, la négociation et la réalisation.
- L’accompagnement personnalisé : Comme son nom l’indique il est bien personnalisé et a vocation à être proposé à tous. L’accompagnement pourra prendre différentes formes : soutien disciplinaire, reprise, travail sur l’erreur, temps de recherche, temps d’expérimentation, tutorat, mise en place du parcours d’Avenir, travail sur les projets de classe, d’établissement, approfondissement des connaissances, méthodologie en lien avec le nouveau socle commun, temps de remédiation, demander aux élèves de chercher le sens de leur apprentissage…. Il est important de faire des propositions différentes de celles de l’école et du lycée afin que nos élèves n’aient pas l’impression du déjà vu… ou de remettre en cause ce qui se fera en lycée. C’est un accompagnement pour tous et de tous !
- Le parcours d’Avenir : Ce parcours, obligatoire depuis 2013, est inclus dans l’accompagnement personnalisé et au sein des EPI. Il est appelé à être gradué afin d’aider l’élève à avoir une orientation de son choix. Le document du SGEC de 20091 « L’accompagnement à l’orientation, pour rendre chacun acteur de ses choix : les communautés éducatives ouvertes sur le monde s’engagent » permettra de construire une progression par rapport aux parcours d’Avenir.
- L’interdisciplinarité / croisement des savoirs : Enjeu majeur de la réforme. L’interdisciplinarité sera présente au sein des EPI mais aussi de l’A.P et par rapport à la lecture et progression des programmes. Elle constitue une question de sens, de prise en compte des autres savoirs, une idée d’appropriation du savoir ensemble, d’un travail coopératif et collaboratif : qui dit quoi en fonction de sa discipline ?
- L’Etablissement formateur : Les chefs d’établissement ont la responsabilité de travailler cette réforme en lien avec le conseil pédagogique de l’établissement ou avec toute autre instance de concertation du même type et quel que soit le nom qui lui est donné. Ils sont en outre invités à mettre en place une dynamique pour que les établissements deviennent « établissements formateurs ». Nous vous renvoyons vers la fiche sur l’établissement formateur se trouvant dans le document : « Un souffle nouveau pour le collège »2 .
D’autres axes seront à développer durant cette année et lors de la mise en place de la réforme la première année : l’évaluation, l’intégration de la culture tout au long des apprentissages, seuil et rupture, l’échange de compétences entre les différents cycles… Cette synthèse proposée par Bruno Chauvineau, du Collège Sainte Marie d’Antony, permet de repérer la cohérence qu’il y a à travailler la mise en place de la Réforme à la lumière de la proposition de Réenchanter l’Ecole. En effet, cela nous invite à ne pas seulement appliquer le texte de la Réforme mais bien à le lire et l’habiter à la lumière du Projet de l’Enseignement Catholique et celui de chacun de nos établissements. « Réenchanter la Réforme », c’est faire vivre notre projet et lui donner un nouveau souffle. Nous pouvons croiser nos expériences, relire le projet de notre établissement et l’enrichir des expériences menées par nos pairs en consultant les sites de certains établissements :
- Le site du Collège Sainte Marie d’Anthony, www.saintemarieantony.fr pour son travail sur l’accompagnement, la mise en place du livret de compétences…
- Le site du Collège Saint louis de la Guillotière de Lyon, www.collegesaintlouis.org pour son travail sur les apprentissages par compétences, l’évaluation par compétences et l’organisation du temps de l’élève et celui des enseignements.
- Le site du Collège de La Providence de Chevremont, http://www.ecole-college-prives-providence-chevremont.fr pour l’organisation du temps de travail des élèves comme des enseignants annualisé.
- Le site de l’Ensemble Scolaire Isaac de l’Etoile de Poitiers, www.isaac-etoile.fr pour son travail sur l’organisation du temps scolaire, des cycles cm2 / 6ème et 3ème / seconde et sur l’accompagnement et activités proposées aux collégiens.
1 Une mise à jour de ce texte est prévue courant décembre 2015.
2 Un souffle nouveau pour le collège – Un texte édité par le Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique – Janvier 2014 - pages 70 à 73