Publié le : 17 octobre 2025

Former, sensibiliser, outiller

Le 1er octobre dernier, la direction diocésaine du Val-d’Oise a organisé une journée de sensibilisation sur la protection des mineurs avec la signature d’une convention avec le Parquet à la clé.

En matière d’alerte, mieux vaut plus que moins. » C’est ce qu’ont retenu 80 chefs d’établissement, adjoints ou psychologues de l’Enseignement catholique du Val-d’Oise de leurs échanges, le 1er octobre dernier, avec Guirec Le Bras, procureur de la République, Laurent Fauquet, responsable de la Crip 95 et des partenaires académiques : Élisabeth Duforez du service social et Anne Bernussou, interlocutrice privilégiée de l’enseignement privé.

©P.Giraud
©P.Giraud

« Leur bonne coopération interservices et leur disponibilité à notre égard nous ont beaucoup rassurés et incités à davantage remonter d’informations d’autant que ce sont eux qui se chargent de les vérifier et de les qualifier », résume Sara Touati, responsable d’internat à Saint-Pie-X, à Domont.

Peu avant midi, la signature officielle d’une convention avec le Parquet a conforté les bonnes pratiques de prévention et de signalement, déjà en progrès depuis une première sensibilisation menée par la Crip et les services académiques, il y a quatre ans.

L’après-midi, le docteur Sylvie Quagliaro, responsable diocésaine de la commission de lutte et de prévention des abus, a livré un aperçu très incarné de l’impact des violences sexuelles sur les deux à trois élèves par classe qui en sont statistiquement victimes, avec des clés pour détecter ces souffrances et recueillir les confidences. « Ce n’est pas votre rôle d’enquêter et encore moins de soumettre les jeunes à un interrogatoire. Mais les éducateurs doivent s’initier aux fondamentaux de la posture d’écoute : ne pas se laisser envahir par l’émotion, ni dramatiser ni minimiser, ne pas couper la parole, dire à l’enfant que vous le croyez, que ce n’est pas sa faute et qu’il a bien fait de parler, l’avertir que vous allez demander de l’aide aux personnes compétentes. »

Mgr Benoît Bertrand et, Jean-Marc Naudi-Bonnemaison, le directeur diocésain ont, pour conclure, recommandé à chacun de « relayer ces messages auprès de leurs équipes afin que chaque éducateur puisse, partout et au moindre doute, adopter la bonne posture et réagir collectivement. » À cette fin, des « fiches réflexe » ont été distribuées en nombre, avec quiz d’auto-évaluation, numéros d’alerte et propositions de formations en ligne.

Appel à témoins à Nantes

« Aucune violence ne doit être tue et aucune souffrance ne doit rester enfouie. » Le 29 août dernier, Mgr Laurent Percerou, évêque de Nantes, a lancé cet appel à témoin aux victimes d’abus, lors d’une conférence de presse organisée conjointement avec l’Enseignement catholique de Loire-Atlantique. Cette initiative fait suite aux révélations de violences sexuelles commises par cinq prêtres encadrant l’internat et des camps de vacances du collège nantais Saint-Stanislas, entre 1958 et 1995.

Un mois après, ce sont une cinquantaine de plaintes qui ont été remontées au procureur par la direction diocésaine, qui vient justement de formaliser une convention de partenariat avec le Parquet (lire ECA 248 p. XI). C’est presqu’autant que les témoignages émanant de victimes d’abus dans des établissements catholiques recueillis par la cellule d’écoute du diocèse en neuf ans d’existence (70 sur un total de 280 témoignages). Pour le directeur diocésain, Frédéric Delemazure, c’est l’opportunité d’apurer « les horreurs du passé pour ne plus ternir cet établissement ».

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