Un esprit sain dans un corps sain

Le 3 avril, à l’espace Charenton, à Paris, se tenait le Forum Santé Prévention sur le thème du développement intégral de la personne. Organisé par l’Ugsel, il a réuni 300 participants.

Noémie Fossey-Sergent

Conduites addictives, risques liés au manque d’activité physique… Veiller au développement intégral de la personne implique aussi de porter une attention particulière à la santé et au bien-être de nos élèves, comme l’a rappelé Pascal Balmand, secrétaire général de l’enseignement catholique, en ouverture du Forum Santé Prévention organisé par l’Ugsel, la Fédération sportive éducative de l’enseignement catholique, le 3 avril dernier à l’espace Charenton, à Paris.

La fédération avait vu les choses en grand pour cette première : une quarantaine de stands d’informations tenus par des organismes divers (Cler, Fédération française de cardiologie, association Génération numérique, Fédération Handisport…) et des établissements venus présenter leurs initiatives sur le sujet, deux tables rondes et dix mini-conférences à suivre au choix durant la journée.

Gare aux boissons énergisantes

Parmi les sujets abordés, la prévention des conduites addictives. Jean-Luc Pilet, psychologue clinicien, a ainsi présenté les résultats d’une expérimentation, dont les résultats corroborent les enquêtes nationales sur le sujet, menée sur 5000 élèves du CM2 à la 1re durant deux ans. Celle-ci a été administrée en quatre temps : un questionnaire sur la perception des risques, l’intervention en classe d’un spécialiste (psychiatre, gendarme…), une reprise pédagogique (mise en projet des jeunes) et enfin un nouveau questionnaire afin de voir si leurs perceptions avaient changé. « Si, globalement, les jeunes ont une bonne perception des risques, il ressort que : les filles sont plus prudentes que les garçons, les plus jeunes ont une bonne conscience des risques, les plus âgés, moins », note le psychologue. Sa conclusion : un témoignage ne suffit pas, une bonne prévention demande un travail à long terme avec une réappropriation du sujet par les jeunes. Et les risques d’addiction varient en fonction du produit : les lycéens sont plus à risque sur le tabac, le cannabis et l’alcool par exemple. Nouveauté inquiétante : l’engouement nouveau des collégiens pour les boissons énergisantes, « portes d’entrée pour l’addiction chez les élèves de 5e pour courir un 400 m en cours de sport ou réussir un contrôle de maths ». Pour lui, il est important de cibler les préventions selon les tranches d’âges : écrans et nourriture équilibrée pour les élémentaires, écrans et tabac pour les collégiens.

Rouler en sécurité
Lycée Saint-Charles, à Orléans

Pour ses lycéens, David Lorilleux, enseignant d’EPS, a choisi d’axer la prévention sur la sécurité routière et les comportements à risque (écrire un sms sur son vélo par exemple). En plus de donner une formation de 2h aux élèves de 2de, il les a mis en projet. « À eux de choisir le thème, de le travailler sur l’année et de présenter le résultat à leurs camarades à la fin. » Affiches, vidéos, diaporamas... Le jour de la restitution, les quelque 150 élèves de 2de pouvaient prendre place dans un simulateur de tonneaux de voiture ou essayer des lunettes troublant leur vue pour mimer les effets de l’alcool.

Dans une autre mini-conférence, François Carré, cardiologue, a mis en évidence le lien entre sédentarité chez les jeunes et problèmes de santé : « Plus on reste assis, en regardant la TV par exemple, plus la tension artérielle augmente, plus le jeune aura de risques de faire de l’hypertension à l’âge adulte. » En France, un adolescent sur cinq est en surcharge pondérale. Car l’inactivité amène aussi l’envie de manger davantage. Le médecin a mis également en garde sur le rapport aux écrans : « À partir de 4 h d’écran par jour, il y a un risque de dépression. » Il a pointé la responsabilité des parents : « Le temps d’activité physique des enfants est corrélé à celui des parents. » Les jeunes fonctionnent beaucoup par mimétisme : s’ils voient leurs parents rivés à leurs smartphones, ils auront tendance à faire de même…

Sport et handicap

Enfin, Jean-Michel Westelynck, conseiller technique à la Fédération Handisport, a montré comment le sport était bénéfique aux jeunes atteints d’une déficience physique ou sensorielle. « Les personnes handicapées ont presque plus besoin que les valides de pratiquer une activité physique, a-t-il déclaré. L’immobilité chez une personne handicapée peut entraîner des complications. La pratique physique au contraire l’aide à gérer son handicap et lui permet de se dépasser. » Les bienfaits sont visibles aussi sur les autres et sur l’environnement : modification du regard d’autrui, plus grand respect de la différence...

Si une convention a été signée avec l’Ugsel en 2015 dans le but d’augmenter l’accès des personnes handicapées à la pratique sportive, il faut aller plus loin, selon Jean-Michel Westelynck, par une inclusion de ces élèves en cours d’EPS, une plus grande participation de ces derniers aux rencontres sportives nationales et une plus grande sensibilisation et formation des enseignants. « L’un des objectifs était d’élargir la thématique de la prévention en montrant qu’elle n’est pas que médicale et je pense qu’on a réussi. J’ai apprécié le foisonnement d’idées que l’on pouvait trouver. Par ailleurs, les participants ont pu échanger et prendre des contacts, nous avons eu beaucoup de retours positifs de ce point de vue », confie Cédric Guilleman, secrétaire général de l’Ugsel, qui a travaillé en lien avec le Sgec et l’Apel au sein de Cop’Educ pour préparer ce forum.

Les écrans dans le viseur
École de l’Annonciation,
à Seilh

 

Avec ses CE2-CM1, Audrey Bobin a monté un projet autour de l’utilisation des écrans. Décliné en 6 séances, il leur a d’abord permis de définir ce qu’était un écran, d’identifier les objets qui en étaient pourvus et de lister ce qu’il était possible de faire avec ces objets. Puis, l’enseignante leur a demandé de réfléchir à ce que leur permettait de faire leur cerveau : bouger, comprendre, lire, réfléchir... Dernière étape : les élèves ont dû relier chaque objet évoqué à une faculté du cerveau. « Cela les a amenés à la conclusion que l’on est globalement plus passif devant un écran », confie Audrey Bobin. Pour mieux se rendre compte du temps qu’ils y consacraient, les enfants ont ensuite quantifié leur utilisation des écrans durant une semaine, remplissant chaque soir une grille avec la durée. In fine, l’enseignante aimerait organiser une semaine sans écran.

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