De l’école aux « cités apprenantes »

Le 24 novembre 2016, quelque 160 représentants de centres de formation continue de l’enseignement catholique se sont réunis au Sgec à l’initiative de RenaSup pour réfléchir aux enjeux portés par la loi du 5 mars 2014 qui modifie la gouvernance de la formation professionnelle, notamment en instaurant de nouvelles exigences en matière de qualité, à compter du 1er janvier 2017.

CFC-Renasup-formation continue
Jean-Marc Petit, le 24 novembre, en échange avec une assistance nombreuse venue réfléchir aux nouveaux enjeux liés à la recomposition du secteur de la formation continue.

La loi du 5 mars 2014 a ouvert la voie à une recomposition profonde du paysage de la formation professionnelle et marque l’avènement d'une véritable gouvernance
quadripartite (État, Région, représentants des employeurs et des salariés), qui conditionne l'efficacité des politiques conduites dans les territoires.
Sur ce thème, la rencontre du 24 novembre 2016, organisée par Renasup a réuni quelque 160 responsables de centres de formation continue de l’enseignement catholique pour s’interroger sur ces enjeux, sur les nouvelles exigences de qualité et sur « la contribution originale que l’enseignement catholique peut apporter », selon l’invitation lancée à l’assistance par Pascal Balmand, son secrétaire général.
En effet, la définition de six critères qualité par le décret du 30 juin 2015 a donné lieu, en septembre 2016, à la publication d’un référentiel qualité inter-Opca retenant 21 indicateurs, permettant aux organismes de formation de se faire référencer sur une base de données commune. À compter du 1er janvier 2017, les financeurs devront tenir à jour ce catalogue de leurs prestataires qui vaut comme une garantie de leur sérieux. « Si une démarche de labellisation ou de certification par des organismes agréés n’est pas obligatoire, contrairement à ce que certains démarchages commerciaux peuvent laisser à penser, le choix d’un tel investissement peut s’avérer très porteur pour les organismes de formation. L’enjeu est bien que chacun mesure l’ampleur du changement en cours », commente Jean-Marc Petit, responsable des questions de formation professionnelle au Sgec.

Une table ronde d’experts a permis de préciser l’esprit et l’impact des nouveaux critères qualité. Elle réunissait des représentants de la direction générale pour l’évaluation de formation professionnelle, du Medef et de la Région Ile-de France Yves Hinnekint, directeur général d’Opcalia, organisme financeur pour l’enseignement catholique et Philippe Debruyne, vice président du nouveau comité interprofessionnel pour l’emploi et la formation, le COPANEF qui a ainsi résumé le changement de culture à l’œuvre: « Non seulement la formation devient un droit opposable pour les salariés et peut d’ailleurs se retrouver en accès libre sur Internet… mais elle obéit aussi à une nouvelle logique de parcours où se croisent l’horizon du développement personnel des salariés et l’horizon sociétal de l’amélioration des collectifs de travail et du marché de l’emploi. » Dans ce contexte, complexe mais passionnant, tous les acteurs ont souligné l’exigence accrue en termes de modularité et de transversalité des formations permettant de relever le défi crucial de la mobilité inter-métiers et requérant de s’appuyer sur des politiques de réseau.
Autre axe préférentiel : celui de la lutte contre le chômage qui passe à la fois par l’amélioration de l’employabilité des salariés et la résolution du manque de main-d’œuvre des secteurs en tension. D’où l’orientation d’un pan de la formation professionnelle vers la remédiation, comme y incite par exemple, le nouveau dispositif Cléa qui fixe un socle de compétences minimum que tout salarié est en droit de demander à valider.
Pour Jacky Aubineau, grand témoin de la journée, cet aspect peut être un levier efficace de lutte contre l’illettrisme par exemple. « Cela montre bien que la formation professionnelle ne doit pas être un business mais un outil au service de la promotion des personnes ce qui fait que nos établissements ont un devoir moral à s’y intéresser, au nom de la Doctrine sociale de l’Église. » C’est pourquoi les sept centres de formation de Poitou-Charentes se sont organisés de manière à devenir opérateur de Clea. Une mise en réseau qui, comme la démarche qualité, paraît incontournable pour les organismes de formation désireux de relever les appels d’offres lancés par les collectivités territoriales.

Parmi les autres raisons pour se lancer : l’ingénierie pédagogique de la formation continue, soucieuse de s’adapter à son public, peut irriguer la formation initiale. Lorsque s’expérimente la mixité des publics, défi à relever avec toutes les précautions pédagogiques nécessaires, la mutualisation par des plateaux techniques, souvent coûteux, apparaît une opportunité intéressante. Cela permet aussi de positionner l’enseignement catholique comme expert, acteur incontournable dans certains secteurs d’activité comme le fait le lycée Saint-Jacques de Compostelle de Poitiers pour la formation d’aide-soignant, par exemple et de « devenir ces cités apprenantes », ces lieux de formation pour tous, tout au long de la vie selon le terme de Jacques Attali.

 

Le décret n° 2015790 du 30 juin 2015 relatif à la qualité des actions de la formation professionnelle continue
À consulter ici

Petit glossaire des acronymes des nouvelles instances crées dans le cadre du transfert de compétences aux Régions et de l’organisation d'une véritable gouvernance quadripartite
À consulter ici

Les six grands axes des domaines de qualité

  • Identification précise des objectifs de la formation et son adaptation au public formé
  • Adaptation des dispositifs d'accueil, de suivi pédagogique et d'évaluation aux publics de stagiaires
  • Adéquation des moyens pédagogiques, techniques et d'encadrement à l'offre de formation
  • La qualification professionnelle et la formation continue des personnels chargés des formations
  • Les conditions d'information du public sur l'offre de formation, ses délais d'accès et les résultats obtenus
  • La prise en compte des appréciations rendues par les stagiaires.

Retrouver ici les 21 critères qualité inter-Opca

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