La pensée sociale de l’Église

La pensée sociale de l'Église propose une conception de la personne humaine et des relations en société qui offre à la fois un fondement et un horizon à l'École catholique. Elle relève de la théologie morale en ce qu'elle entend "orienter le comportement chrétien", tout comme l'École catholique s'efforce d'incarner une vision chrétienne du monde.

Fondamentaux - Doctrine sociale de l'Église

Dignité de l’homme, dignité du travail

Les principes de la pensée sociale de l’Église sont tous orientés vers le respect et la promotion de la dignité humaine. La dignité procède du fait que toute personne est créée à l’image de Dieu et qu’elle est appelée au salut. La dignité n’est pas liée à ce que l’homme fait, ni à sa situation sociale, ni à ce qu’il possède, ni à son état physique ou mental. Elle est liée à la nature humaine de la personne. L’homme est une personne unifiée. Il y a en lui une unité entre l’âme, le corps et l’esprit. L’homme est une personne unique et inimitable. Il est centre d’intelligence, de conscience et de liberté. Ainsi, il est capable de se connaître, de se posséder et d’entrer véritablement en relation avec les autres. La dignité de l’homme est son bien le plus précieux, c’est la raison pour laquelle elle doit être absolument préservée.

Le Statut invite, bien évidemment, à placer la dignité au cœur même de la mission éducative et du projet de l’école catholique.

art. 1 La dignité de la personne humaine fonde pour tous les hommes un droit à l’éducation.

art. 42 Par l’ensemble de ce qui la constitue, l’école catholique est au service de la dignité humaine et de la cohésion de la société. Elle contribue largement « à humaniser toujours plus la famille des hommes et son histoire » (Gaudium et Spes, n° 40 § 3).

La dignité professionnelle est respectée lorsque la personne est en mesure d’assumer pleinement sa charge, d’exploiter ses marges d’initiatives et d’avoir conscience qu’elle participe à la construction de l’œuvre commune.

Le bien commun

Le principe du bien commun est présent dans la pensée sociale de l’Église de manière constante. La définition qui fait référence est celle du concile Vatican II :

« [...] Le bien commun, c’est-à-dire cet ensemble de conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». (Vatican II, Gaudium et Spes, n°26 § 1)

Ainsi, le bien commun n’est pas un état à atteindre ou à conserver, mais un moyen (« l’ensemble des conditions ») qui permettra aux personnes et aux communautés de s’épanouir et de se développer. Il n’est pas un bien que nous aurions en commun, mais il est ce qui est bon pour nous tous.

La recherche du bien commun s’inscrit dans une dynamique progressive, ce qui implique de manifester une volonté personnelle et collective d’amélioration des conditions de vie ensemble.
• Elle se construit dans la relation, ce qui implique de développer une culture de l’échange et du dialogue.

Enfin, elle nécessite l’exercice d’une responsabilité, ce qui implique que chacun considère qu’il a un rôle à jouer dans cette recherche d’amélioration.

Le Statut sert le bien commun de l’Enseignement catholique. Les modalités d’organisation et de fonctionnement qu’il propose ont pour objectif d’améliorer les conditions d’exercice de la responsabilité de chacun en vue de la participation de tous à l’œuvre commune. C’est la raison pour laquelle il invite à ce que l’organisation, la gouvernance, le fonctionnement des instances nationales ou locales, ainsi que l’action des différents responsables soient « en vue du bien commun ».

art. 115 [...] Communauté éducative composée des élèves, des parents, de la communauté de travail et de tous les bénévoles, rassemblée autour d’un projet éducatif, [une école catholique] accomplit sa mission en vue du bien commun et rend un service éducatif d’intérêt général. [...]

La subsidiarité

Le principe de subsidiarité est un des piliers de la pensée sociale de l’Église. Voici la description qu’en propose Jean-Paul II :

« [...] Une société d’ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une société d’ordre inférieur, en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société en vue du bien commun. » (Jean-Paul II, encyclique Centesimus Annus, n°48)

Dans la pensée sociale de l’Église, la subsidiarité est souvent évoquée au sujet des rapports entre les différentes strates de la société. Elle est également présentée comme un principe général d’organisation qui trouve des applications particulièrement pertinentes dans les organisations de travail.

Le respect du principe de subsidiarité implique plusieurs points de vigilance. Le premier consiste à veiller à ce que chacun, à la place qu’il occupe, ait une capacité d’initiative qui lui permette d’être acteur aux côtés des autres. Pour ce faire, il convient que les attributions de chaque personne et de chaque instance soient bien définies et connues de l’ensemble. Chacune doit disposer des moyens de remplir pleinement la mission qui lui est confiée.

Le deuxième point de vigilance consiste à favoriser un esprit d’entraide et de soutien mutuel, non pas pour faire à la place de l’autre, mais pour permettre à l’autre de mieux faire. Cet esprit d’entraide s’entend dans le cadre des relations verticales, hiérarchiques, du haut vers le bas, mais également du bas vers le haut. Il s’entend aussi dans le cadre des relations horizontales entre pairs.

Le troisième point de vigilance concerne la nécessité qu’il peut y avoir, exceptionnellement, de suppléer une personne ou une instance défaillante. Dans l’esprit de la subsidiarité, cette suppléance ne peut être que ponctuelle. De plus, elle doit s’accompagner de mesures permettant à la personne ou l’instance défaillante de mieux retrouver sa place. Le principe de subsidiarité suppose que chacun soit en mesure d’exercer pleinement sa responsabilité. C’est à dire qu’il soit en capacité de répondre de la mission et des tâches qui sont confiées. L’exercice d’une responsabilité crée un lien organique avec la communauté au sein de laquelle il est assumé.

Dans le Statut, le principe de subsidiarité est la colonne vertébrale des modalités d’organisation, d’une manière générale, et plus particulièrement pour les instances diocésaines et académiques. Les gestionnaires sont invités à tenir compte de ce principe et à le promouvoir.

art. 239 [...] Les formes d’organisation et de gouvernance interviennent à la seule mesure des besoins, comme un concours qui établit ou rétablit le niveau de proximité dans sa capacité d’initiative et dans ses moyens propres d’agir et de se développer.

La solidarité

« [La solidarité] n’est pas un sentiment de compassion vague ou d’attendrissement superficiel pour les maux subis par tant de personnes proches ou lointaines. Au contraire, c’est la détermination ferme et persévérante de travailler pour le bien commun, c’est-à-dire pour le bien de tous et de chacun parce que tous nous sommes vraiment responsables de tous [...] ». (Jean-Paul II, encyclique Sollicitudo Rei Socialis n°38)

La solidarité est un espace offert à tous pour participer au développement de chacun et à la croissance de la communauté. Elle est de nature à construire le lien qui unit les hommes entre eux et avec la société où ils sont implantés. Elle permet d’assurer la continuité du chemin des hommes, veillant à ce que personne ne reste sur le bas-côté.

La solidarité est un appel à sortir de soi-même, un moyen de quitter l’individualisme. Elle invite chacun à se comporter comme s’il était débiteur des autres et de la communauté. Elle conduit à concevoir des relations sociales justes, à fuir les comportements manipulateurs motivés par l’envie de pouvoir.
La solidarité doit être vécue particulièrement dans l’attention aux plus fragiles et aux plus faibles. C’est ce que l’Église appelle : « l’option préférentielle pour les pauvres ». C’est-à-dire le choix qui est fait de mener prioritairement et résolument des actions envers ceux qui en ont le plus besoin.

Dans cet esprit, le Statut propose de vivre la solidarité entre les établissements, en faveur de ceux qui sont le moins favorisés. Il promeut des initiatives très concrètes, comme la mise en place de caisses de solidarité (art. 238). Par ailleurs, il qualifie de fonctionnement solidaire la cohésion et la parole commune dans les rapports avec les pouvoirs publics (art. 237).

La participation

L‘idée de l’implication et de la participation de chacun dans tous les domaines de la vie sociale est largement promue dans la pensée sociale de l’Église :

« [...] En prenant en considération les fonctions des uns et des autres [...] et en sauvegardant la nécessaire unité de direction, il faut promouvoir, selon des modalités à déterminer au mieux, la participation active de tous à la gestion des entreprises. » (Vatican II, Gaudium et Spes, n°68)

Cet extrait concerne la gestion des entreprises, mais la question de la participation doit être élargie à toute activité humaine y compris, bien entendu, au fonctionnement et à l’organisation de l’école catholique. Pour que la participation soit possible, certaines conditions doivent être réunies. Tout d’abord, chacun doit pouvoir disposer d’un niveau d’information le plus élevé possible. Ensuite, les processus de décision doivent être connus de tous. Enfin, les modalités d’échange et de dialogue doivent permettre régulièrement l’expression de chacun. Le Statut demande très clairement que la participation soit favorisée, en particulier s’agissant des relations de travail dans l’établissement.

art. 112 Comme communauté sociale, l’établissement doit favoriser la participation des personnes, quels que soient leurs statuts. Les relations de travail ne sont pas seulement régies par des liens hiérarchiques ; elles revêtent aussi un caractère de partenariat. [...]

art. 241 À tous niveaux, l’organisation de l’Enseignement catholique repose sur la participation des acteurs. Les formes associatives et collaboratives sont donc favorisées dans la structuration institutionnelle.

La participation, telle qu’elle est envisagée dans la pensée sociale de l’Église, ne s’oppose pas à l’existence d’une autorité légitime et d’une organisation hiérarchique. Au contraire, l’Église a toujours défendu la nécessité d’une autorité unique qui conduit la communauté et d’une structuration de l’activité qui est indispensable au développement de tout projet.

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