Une rentrée sous tension
Conférence de presse du ministère

 

Attendu sur la crise du recrutement qui marque cette rentrée 2022, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye, a assuré, lors de sa conférence de presse du 26 septembre dernier, que le défi d’un enseignant devant chaque classe à la rentrée serait relevé.

Parmi ses pistes d’action pour l'année à venir figurent un concours exceptionnel pour la titularisation de contractuels, assorti d'une réflexion sur la diversification des voies d’accès à l’enseignement et d'une revalorisation salariale effective en septembre 2023.

Le nouveau ministre a aussi évoqué une ouverture facultative du dispositif « écoles du futur » et a fait part d'une préoccupation réaffirmée pour l’égalité des chances et le collège.

 

Priorité au recrutement enseignant

« Sans nier les difficultés », Pap Ndiaye, nouveau ministre de l’Education, a rendu hommage à la « réussite collective » de l’organisation, chaque année, de la rentrée de 20% de la population française, par une instance sont il a salué « la profondeur du lien organique qu’elle entretient à la Nation ». Ce particulièrement dans un contexte de tension inédite pour le recrutement des professeurs. Pap Ndiaye a donc détaillé, lors de sa conférence de presse du 26 septembre dernier, les mesures prises face à un problème structurel d’attractivité, aggravé par l’an 1 de la réforme de la formation initiale et un marché de l’emploi très concurrentiel.

À court terme, les listes complémentaires de candidats non reçus aux concours offrent un réservoir de 1 200 personnes et 3 000 contractuels supplémentaires ont été recrutés. Les contrats de ces personnels déjà en poste avaient aussi été prolongés du 30 juin au 31 août, afin d’augmenter la revalorisation dont ils ont fait l’objet et les fidéliser, une mesure désormais pérenne.

À moyen terme, le ministre a annoncé la tenue, au printemps prochain, d’un concours exceptionnel de titularisation ouvert pour récompenser l’engagement d’« enseignants contractuels de qualité », selon des modalités encore à définir. « Sans remettre en cause la masteurisation de la formation enseignante, il s’agit de réfléchir à des parcours alternatifs à celui du concours à bac+5, en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur. » Pour ouvrir et diversifier le recrutement enseignant, les formations de préprofessionnalisation – trois années en alternance en L2, L3 et M1 – sont d’ailleurs déjà suivies par 5 000 candidats.

Reconnaissant le problème de contractuels apprenant tardivement leur affectation, le ministre a souligné que n’était concernée qu’une proportion réduite des contractuels qui ne représentent eux-mêmes qu’une petite partie des effectifs enseignants – 1,5 % dans le primaire et 8 % dans le secondaire. Le ministère ne perd pas le cap des évolutions structurelles concernant la revalorisation et la dynamisation des carrières des 800 000 enseignants titulaires, promettant non seulement « qu’il n’y aurait plus de personnels rémunérés sous la barre des 2 000 euros à la prochaine rentrée », mais que « l’ensemble des grilles seraient révisées » à partir du cadrage du projet de loi de finance 2023.

Les autres personnels également soutenus

 

Le ministre a signalé le recrutement de 4 000 accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH) supplémentaires en cette rentrée 2022, soit une augmentation de 50 % depuis 2017. Il a aussi rappelé le lancement d’un processus de « CDisation » revalorisant pour les assistants d’éducation (AED), autorisés depuis janvier dernier à effectuer des heures supplémentaires.
Concernant la pénurie de chauffeurs de cars scolaires – assurant le transport de 1,2 millions d’élèves sur le territoire –, il a expliqué travailler avec les recteurs, les Régions, et les partenaires sociaux de la branche, en vue d’une rénovation de leur CAP et d’une augmentation salariale.

La mixité sociale,
levier d’égalité des chances

La mixité sociale représente un important volet de la nouvelle politique ministérielle en matière d’égalité des chances. Le ministre a d’emblée évoqué le renforcement des aides ciblées aux familles en difficulté – +4 % pour l’allocation de rentrée et pour les bourses au collège et au lycée afin de suivre l’inflation – ainsi que le doublement des fonds sociaux aux établissements. La mixité sociale à l’école se traduira aussi par la création de filières d’excellence en REP. Le ministre a estimé enfin « qu’il ne fallait pas s’interdire de réviser la carte de l’éducation prioritaire afin de coller au mieux aux évolutions sociologiques des territoires, parfois rapides ». Tout en confirmant le maintien de l’expérimentation des Contrats locaux d’accompagnement (cf. dossier central), il a regretté le manque de lisibilité généré par la superposition des dispositifs d’éducation prioritaire. Il a en revanche exprimé un intérêt particulier pour les expérimentations conduites sur la sectorisation à Paris et Toulouse, déclarant avoir demandé aux recteurs d’être proactifs pour répliquer ou s’inspirer de ce qui y a été entrepris.

 

Les écoles du futur

Pap Ndiaye est aussi revenu sur le fonds d’innovation de 500 000 millions d’euros annoncé par le président Emmanuel Macron la veille, au cours de sa prise de parole devant les recteurs réunis à la Sorbonne. Dans l’esprit de l’expérimentation menée à Marseille, il s’agit d’inciter les équipes à concevoir des projets pédagogiques adaptés à leurs réalités. « Une démarche de confiance à l’égard du terrain », qui verra son expertise reconnue grâce à la flexibilité ainsi introduite. Les modalités de sélection et de dotation des projets par les académies sont encore à définir. Ce processus facultatif commencera par l’organisation, à partir d’octobre, de débats au sein des communautés éducatives volontaires.

L'accent mis sur le collège et le lycée professionnel

 

Le ministre a souhaité développer une culture de l’évaluation en poursuivant les campagnes menées en CP, CE1, 6e et 2de et en introduisant, à titre expérimental, des évaluations pour 15 000 élèves de CM1 et 25 000 élèves de 4e. Il s’appuie sur les indicateurs inquiétants enregistrés en 3e qui attestent qu’un quart des élèves n’ont pas atteint le niveau requis, pour faire du collège sa priorité. L’accent sera mis sur l’éducation au développement durable, la liaison école-collège et de nouvelles organisations en 6e. Deux heures de sport hebdomadaires supplémentaires seront expérimentées dans 140 collèges et une demi-journée par niveau d’actions de découverte des métiers sera proposée dès la 5e dans des établissements volontaires accompagnés par les rectorats. Mini-stages, visites en entreprise ou en lycée pro, témoignages de professionnels et d’anciens élèves auront vocation à élargir les choix d’orientation des élèves, en lien avec la réforme de la voie professionnelle.

C’est Carole Grandjean, ministre déléguée chargée de l'Enseignement et de la Formation professionnels, qui a annoncé les grands axes d’une transformation des lycées pro visant le triple objectif de réduire le nombre de décrocheurs, de faire progresser le taux d’insertion dans l’emploi et de favoriser les poursuites d’études. « Cela se traduira par un rapprochement accru avec le monde de l’entreprise et un doublement des périodes de stages, avec, à la clé, une gratification motivante financée par l’État », a-t-elle détaillé, évoquant aussi une autonomie accrue accordée aux chefs d’établissement.

À l’école, outre un nouveau plan d’action pour la maternelle, l’accent reste mis sur les fondamentaux et le dédoublement des classes en éducation prioritaire. Alors que la quasi-totalité des CP et les CE1 sont plafonnés à 24 élèves, cela deviendra aussi la norme pour le quart des classes de grande section qui n’y sont pas encore, à horizon 2024.

Quant à la réforme du lycée, son évaluation se poursuit, ce qui décidera notamment du sort de l’option mathématiques réintroduite en 1re, qui pourra rester facultative ou rejoindre le tronc commun obligatoire.

 

Protocole sanitaire

La rentrée se fait à un niveau de risque sanitaire un sur quatre, dans une classification harmonisée avec celle de la population générale. Le ministre a promis que les changements seront annoncés dix jours à l’avance et que l’accent sera mis sur la gestion de l’impact  – notamment psychique – de la crise sur la jeunesse en lien avec le chantier majeur de la rénovation de la santé scolaire.

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