La rentrée se prépare, en Irak aussi

L’Irak connaît un retour au calme depuis six mois et nombre d’écoles préparent leur première rentrée depuis cinq ans. Pour autant sa population, notamment chrétienne, continue à avoir besoin d’aide face aux défis posés par la reconstruction et surtout le retour, notamment par l’éducation, à un vivre ensemble apaisé. Après quatre ans de Campagne Espoir-Irak, l’enseignement catholique continue donc à soutenir les Chrétiens de cette région et appelle ses établissements à se mobiliser autour de nouvelles actions de solidarité en directions d’écoles de la plaine de Ninive.
Voici, à chaud, les témoignages de la délégation de l’enseignement catholique partie en mission du 23 au 28 juin 2018, faire un état des lieux de la situation.

 

 

Témoignage de Valérie Gaspard,

Membre de l’Apel
et animatrice de l’opération Espoir-Irak

 

Couvent Mart Barbara, à Karemlash.

Après quatre années de campagne Espoir Irak, nous nous réjouissions d’aller rencontrer les familles chrétiennes que nous avons suivi dans les camps à Erbil, chez elles dans leurs maisons dont ils nous ont tant parlé.

Après un passage rapide par le camp d’Asti qui s’est quasiment vidé de ses 5.000 personnes, c’est avec joie que nous avons pris la route vers la Plaine de Ninive.

Mais très vite, la réalité s’est imposée à nous : nous sommes dans une région où la sécurité est plus qu’incertaine. Des camps demeurent encore le long des routes, et des militaires et des check-points jalonnent le parcours. Nous sentons la tension de nos amis chrétiens qui nous accompagnent à chaque point de contrôle.

Premier village, premières images bouleversantes de maison, d’écoles et d’églises brulées et mitraillées, de carcasses de véhicules abandonnées. Nous avions bien vu des images à la télévision mais la réalité est toute autre… Mossoul est bien entendu le spectacle le plus inimaginable : une ville presque entièrement détruite.

 

Ruines du quartier chrétien de Mossoul.

On ne peut que se demander comment envisager un retour dans un tel contexte, comment reconstruire une vie et quel avenir des parents peuvent envisager alors pour leurs enfants ?

Alors que nous étions très affectés par ce que nous découvrions, très vite la force de l’instinct de vie de cette population chrétienne nous a emportés vers des pensées lumineuses et constructives. Cela doit être la Foi.

Dimanche soir, nous avons pu assister à la messe en l’église Mar Behnam et Sarah à Qaraqosh. Cette église au clocher cassé en deux, noircie comme toutes les autres églises par des traces d’incendie, rayonnait d’une communauté jeune et dynamique.

C’est cette communauté chrétienne que nous vous invitons à soutenir encore et toujours avec la campagne Espoir Irak. Plus que jamais, nous sommes convaincus de la nécessité cruciale de la campagne car si la destruction a été relativement rapide, reconstruire va demander de nombreuses années.

Entrée de l’école Al Tahira tenue par les soeurs dominicaines, avec son aumônier à Qaraqosh.

Et nous avons eu la joyeuse et émouvante surprise de rencontrer au hasard de visites des personnes qui nous ont remercié d’être revenus… Un directeur d’école rencontré en 2015 à Erbil, nous a reconnu bien avant nous et s’est précipité pour nous montrer dans son téléphone la photo que nous avions faite ensemble dans son école.

Alors oui nous pouvons dire aujourd’hui que tout le soutien que nous avons apporté depuis quatre ans à ces familles chrétiennes irakiennes est un symbole fort d’espoir qui les accompagne et dont ils ont besoin. Nos actions menées dans les écoles -comme les veilleuses d’espoir- les touchent sincèrement. C’est pourquoi, cette année encore, nous allons vous solliciter afin de les aider à donner une éducation de qualité à tous les enfants, dans des écoles privées qui accueilleront tous les jeunes, quelle que soit leur religion, avec le projet de donner du sens au vivre ensemble dès le plus jeune âge.

Actuellement, les prêtres et les sœurs dominicaines s’activent pour préparer la rentrée avec les équipes pédagogiques: On discute programme, on lessive, on reconstruit, on peint… avec une énergie à la hauteur du défi de permettre, par l’éducation, une paix durable dans la région.

Remise de fournitures scolaires aux soeurs dominicaines de l’école Al Tahira (Qaraqosh) avec Valérie Gardette et Valérie Gaspard

Les jeunes de leur côté, profitent des vacances scolaires pour remonter la fanfare des scouts, préparer leur première communion.

On vous le dit du fond du coeur, ils sont source de beaucoup d’admiration de notre part, nous qui avons la chance de partager de beaux et forts moments de vie avec eux mais nous avons parfaitement conscience aussi de l’immensité de la difficulté qui leur est donné à vivre.
Nous comptons sur vous pour soutenir la nouvelle campagne « colorée » Espoir Irak qui sera mise en ligne dès la rentrée de septembre.   

Ne les oubliez pas!

 

 

Retrouvez la campagne 2018-2019

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Espoir Irak :
la campagne continue

Les camps de réfugiés se sont vidés. Certains ont disparu. Signe de la fin, en décembre 2017, de la Seconde guerre civile irakienne. Débutée fin 2013, marquée par l’offensive fulgurante de État Islamique durant l’été 2014, elle avait contraints de nombreux habitant, notamment chrétiens, à fuir leurs villages. Aujourd’hui de nombreux déplacés se sont réinstallés dans la plaine de Ninive. Sur les milliers de réfugiés des camps d’Erbil et ses environs, ne restent que 300 familles qui attendent encore la reconstruction de leur maison ou habitaient à Mossoul ville martyr qui reste un No man’s Land inhabitable.

Après l’aide d’urgence déployée pour aider la vie dans les camps de déplacés, l’enseignement catholique se mobilise pour accompagner le retour à une vie normalisée. Il se focalise bien sûr sur les écoles qui ont un rôle majeur à jouer dans le processus de réconciliation en cours.

 

 

Bilan et perspectives

Louis-Marie Piron Délégué général Relations internationales et européennes Relations avec les départements d'outre-mer

D’après le compte-rendu de mission de Louis-Marie Piron, délégué aux Relations internationalespour le Sgec.

 

En quatre année de campagne Espoir Irak, 500 000 euros ont été récoltés et répartis pour soutenir des projets conduits par Aide à l’Eglise en détresse et l’Œuvre d’Orient.

-L’école construite dans les camps d’Erbil continue d’accueillir les derniers déplacés et les familles qui se sont définitivement installées dans cette zone.
Une autre école en préfabriqué d’un camp voisin (Asti) sera déménagée à Mossoul pour y faire office d’église et amorcer un début de reconstruction dans cette ville fantôme.

-Dans la plaine de Ninive, l’enseignement catholique a participé à la reconstruction et l’agrandissement de deux écoles sur lesquels l’enseignement catholique concentre désormais ses efforts.

  • À Qaraqosh, la visite des nouveaux locaux des sœurs dominciane d’Al-Tahira met en lumière les besoins en matériel pédagogique et le souhait d’augmenter les capacités d’accueil pour accueillir les élèves du secondaire.

 

  • À Bartella, une école va rouvrir à la rentrée, confiée également à des sœurs Dominicaines.

La campagne 2018-2019, en association avec l’œuvre d’Orient, visera à soutenir le développement de ces deux écoles. Tout en gardant les programmes officiels comme repère, elles embaucheront leurs propres enseignants et seront maître de la vie scolaire ainsi que de la proposition chrétienne.
Dores et déjà, elles affirment leur souhait de participer à la reconstruction d’un vivre ensemble apaisé en accueillant les enfants de toutes les confessions.
Elles font état de leurs besoins en matériel pédagogique et de leurs difficultés à accueillir un grand nombre d’enfants qui conservent des séquelles psychologiques des années de guerre.

 

La campagne Espoir-Irak 2018-2019 sera colorée. Elle proposera à la vente des stylos quatre couleurs aux élèves français. Le bénéfice sera reversée à l’œuvre d’Orient et les élèves seront incités à partager leurs messages de soutien sur les réseaux sociaux avec les #4couleursdespoirirak et #espoirirak, car ces attentions comptent aussi beaucoup.

 

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