Mis à jour le : 19 juin 2025
« Ni sourds, ni aveugles, ni inactifs »
Le secrétariat général de l’Enseignement catholique et l’Apel ont présenté à la presse, le 19 juin, trois mesures phare pour renforcer la prévention des violences en milieu scolaire.
À quelques jours de la publication des résultats de la commission d’enquête parlementaire sur les modalités du contrôle par l’État de la prévention des violences dans les établissements scolaires, le Secrétaire général de l’Enseignement catholique, Philippe Delorme a pris les devants. Le 19 juin, il a organisé un petit déjeuner de presse avec l’Apel pour présenter les mesures prises « en propre » par l’Enseignement catholique sur ce champ : « Il s’agit de renforcer les actions déjà conduites pour que telles perversions de la promesse éducative ne puissent plus se produire, […] pour regarder tout cela en Vérité et, avec les victimes, être acteur d’un ”plus jamais ça”. »
Une écoute des victimes plus accessible
Persuadé que « l’écoute, la compréhension et l’analyse de ce qui s’est passé participe à la prévention », Philippe Delorme souhaite faciliter une libération plus large et complète de la parole. Saluant le rôle des lanceurs d’alerte et de la commission parlementaire, qui ont donné une résonnance à cette parole, il veut aller encore plus loin pour que l’Enseignement catholique accomplisse pleinement son « devoir d’inventaire ».
Prenant acte du fait que les dispositifs de recueil de la parole existants, notamment ceux mis en place par l’Église après le rapport de la Ciase de 2021, ne répondent pas aux attentes de toutes les victimes, l’Enseignement catholique propose un dispositif d’écoute complémentaire. Il se constituera d’après les préconisations qu’une mission d’expertise indépendante sur les conditions d’accueil de la parole rendra à la mi-septembre. Parmi les six personnalités qualifiées qui conduiront ce travail, ont été cités : Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes de Bétharram, le sociologue Yann Raison du Cleuziou, Ségolaine Moog, ancienne déléguée nationale à la prévention et protection des mineurs à la CEF et Hélène Laubignat, présidente de l’Apel nationale, qui a assuré porter « cet impératif moral avec gravité et détermination ».
Garantir des internats sûrs
L’Enseignement catholique entre également dans un processus de certification de ses 596 internats, qui accueillent 38 000 pensionnaires. « Ezalen, un cabinet extérieur reconnu, achève actuellement la construction d’un cahier des charges qui servira à l’audit de tous nos internats, qui débutera en septembre prochain et engagera chacun de nos établissements dans un processus d’amélioration continu », a détaillé Philippe Delorme. Interrogé sur les critères envisagés, il a évoqué la présence d’espaces d’intimité suffisants pour les élèves et la formation de l’ensemble des personnels à la protection de l’enfance.
Informer et former encore plus
Depuis 2017, début du déploiement du Programme de protection des publics fragiles (3PF) qui s’appuie aujourd’hui sur un réseau de 122 référents diocésains formés, la bientraitance éducative fait son chemin dans l’Enseignement catholique. Il s’agit aujourd’hui de proposer une sensibilisation plus simple, plus directe et diffusée plus largement… c’est déjà l’objectif de l’abstract du 3PF réalisé au printemps, dans le cadre de la campagne Stop violences. Il s’assortira à la rentrée d’un Mooc, qui assurera un premier niveau d’information partagé par tous. Par ailleurs, les blocs certifiants de 20 h à 30 h dédiés à ces questions de bientraitance dans la formation initiale et continue des personnels de vie scolaire et des enseignants, jusqu’à présent optionnels, intégreront leur tronc commun. Tandis que l’Apel formera également tous ces cadres académiques et départementaux.
À noter enfin que la démarche accroît la vigilance à la santé mentale des jeunes, via le déploiement d’une formation co-élaborée par l’Anpec, association des psychologues de l’enseignement catholique, et par l’Ugsel, sa fédération sportive. Car malheureusement les violences scolaires surviennent aussi entre pairs… et les souffrances des jeunes empruntent de multiples formes…