Mis à jour le : 30 janvier 2025 / Publié le : 28 janvier 2025
Enseigner à l’étranger, c’est possible !
De plus en plus d’enseignants souhaitent s’expatrier. C’est tout à fait envisageable si l’on prépare son projet et son départ bien en amont. Dès ce début d'année, par exemple! Voici les réseaux à contacter et quelques conseils pratiques essentiels, dispensés lors d’un webinaire proposé par le Département Ouverture Internationale du Sgec, le 15 janvier dernier.
Diane Brinand, enseignante d’anglais de l’ensemble scolaire l’Assomption à Bordeaux, avait envie de changement. L’année 2022 était idéale pour partir avec mari et enfant, car sa fille, en seconde, n’avait pas encore à faire face aux épreuves du bac. Elle répond donc à trois annonces de recrutement : l’une à Phuket, en Thaïlande, l’autre à San Francisco et la dernière à Mexico. Elle passe en visio un entretien avec l’établissement thaïlandais BCIS (Berda Claude International School) qui dispose d’un programme français de l’Éducation nationale homologué par l’AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger) et apprend quelques jours plus tard que sa candidature est retenue. Le rêve peut se réaliser… Reste à obtenir un visa et un permis de travail, à louer la maison, et à plier bagage. «Nous sommes partis mi-juillet, la rentrée des classes était le 19 août. Ces trois semaines nous ont permis de trouver un logement grâce à un réseau d’expatriés très actif sur WhatsApp», explique-t-elle. Une vie agréable débute ponctuée de voyages en Thaïlande et dans d’autres pays d’Asie. «Mon contrat local me rapportait environ 1 600 euros. Nous avons ainsi bénéficié d’un bon pouvoir d’achat même si j’étais la seule à travailler. C’était une période formidable, car nous avons fait de belles rencontres», assure Diane Brinand.
Démarrer ses recherches en novembre
Beaucoup d’enseignants rêvent d’une expérience à l‘étranger qui leur permettrait de vivre autre chose. «Nous sommes de plus en plus sollicités», observe Louis-Marie Piron, délégué général aux Relations internationales et européennes du Sgec lors de la formation en visio «Enseigner à l’étranger», qui s’est tenue le 15 janvier dernier devant 1 000 enseignants.
Pour concrétiser son projet, il est indispensable de s’y prendre très en amont. «L’idéal pour trouver un poste, c’est de démarrer ses recherches en novembre. Une fois les choses calées avec l’établissement d’accueil, on peut alors se rapprocher des autorités administratives pour effectuer une demande de disponibilité ou de congé», souligne Louis-Marie Piron.
Comprendre les codes du pays et ceux de son nouvel environnement professionnel
Les projets diffèrent selon le pays visé, l’objectif de l’enseignant, sa situation familiale… La petite cellule internationale du Sgec suit individuellement les plus complexes. Quelle que soit sa nature, il doit être anticipé, ne serait-ce que pour bien s’y préparer psychologiquement. «La mobilité touristique et la mobilité professionnelle n’ont rien à voir. Dans le second cas, on doit comprendre les codes du pays et ceux de son nouvel environnement professionnel. Il faut aussi s’efforcer de laisser de côté tout esprit de comparaison avec la France», prévient Louis-Marie Piron. Certains enseignants partent pour une ou plusieurs années, voire bien plus. D’autres voyages, notamment ceux liés à Erasmus, se font sur une période relativement courte – ce qui change la donne…
Alexandra Ruiz, professeure de physique-chimie de l’Ensemble scolaire Assomption–Sainte-Clotilde, à Pessac, est ainsi partie deux mois en Allemagne à Hambourg. «J’ai observé d’autres manières d’enseigner et appris le vocabulaire allemand de la physique-chimie, ce qui était mon projet d’origine. Ce séjour de deux mois m’a permis de sortir de mon quotidien et de faire énormément de rencontres. Un vrai bonheur», conclut-elle.
À consulter :
enseigner-etranger.com rassemble de très nombreuses propositions d’offres d’emploi en éducation dans le monde.
france-education-international.fr fait le point sur les diverses façons de partir à l’étranger lorsqu’on est enseignant, évoquant notamment le programme de mobilité en Louisiane Codofil accessible aux professeurs de l’Enseignement catholique.
Un cadre juridique spécifique pour les enseignants du privé
Les professeurs de l’enseignement catholique n’étant pas fonctionnaires mais agents publics de l’État, ils ne peuvent pas bénéficier d’un détachement s’ils souhaitent travailler à l’étranger. Les enseignants titulaires doivent solliciter une disponibilité pour convenances personnelles (voire une disponibilité de droit pour suivi de conjoint ou pour élever un enfant de moins de 12 ans s’ils remplissent les conditions) auprès de l’autorité académique. Les suppléants en CDI ne bénéficient pas du régime des disponibilités mais peuvent demander un congé correspondant aux disponibilités sus évoqués. La disponibilité et le congé pour convenances personnelles peuvent être refusés en raison des nécessités du service. Cette disponibilité et ce congé sont renouvelables dans la limite de 10 ans maximum pour l'ensemble de la carrière, mais depuis 2019, un maître contractuel ayant passé 5 années consécutives en disponibilité pour convenances personnelles ne peut la renouveler qu’à condition de réintégrer pendant au moins 18 mois. Cette règle ne s’applique pas au congé pour convenances personnelles. «Lorsqu’on demande une disponibilité ou un congé, il est judicieux d’effectuer la démarche auprès de l’académie dès février afin de se laisser du temps», explique Isabelle Jouault, juriste au Secrétariat général de l’enseignement catholique. Parallèlement, il est essentiel d’avertir le chef d’établissement de la procédure engagée. L’enseignant doit en outre déclarer son emploi susceptible d’être vacant auprès de l’autorité académique et de la commission de l’emploi dont il dépend. Lorsque l’autorité administrative a donné son accord, le poste devient vacant et n’est plus protégé. Au retour, il faudra se manifester auprès de l’académie et de la commission de l’emploi pour participer «au mouvement». Les enseignants qui postulent pour un emploi dans l’académie (second degré) ou le diocèse (premier degré) où ils exerçaient avant leur départ bénéficient d’une priorité de réemploi. Dans le cas contraire, leur demande est traitée parmi les demandes de mutation. Les suppléants ne bénéficient d’aucune priorité particulière.
À l’étranger, les enseignants du privé ne bénéficient pas de contrats d’expatriation mais de contrats locaux. D’un pays à l’autre, d’un établissement à l’autre, la rémunération peut-être très différente. Il faut se faire préciser son montant dès le premier entretien en visio. Les années d’exercice à l’étranger sont prises en compte dans l’ancienneté des maîtres contractuels lors de leur réintégration s’ils ont dispensé un enseignement en français et que cet enseignement est conforme aux programmes officiels français ou jugé utile au rayonnement culturel de la France. Si l’enseignement n’a pas été dispensé dans un établissement reconnu par l’État français, le consulat peut fournir une attestation en ce sens. Si ces conditions ne sont pas remplies, les maîtres en disponibilité pour convenances personnelles ou suivi de conjoint conservent leurs droits à avancement dans la limite de 5 ans sous réserve d’adresser chaque année les pièces justifiant l’exercice d’une activité professionnelle. Le maître bénéficiant d’une disponibilité pour élever un enfant de moins de 12 ans conserve de droit ses droits à avancement d’échelon et de grade dans cette même limite.Pour la retraite et la protection sociale, il convient de se renseigner avant son départ notamment en se connectant sur le site du Cleiss (Centre des liaisons européennes et internationales de sécurité sociale). Les règles sont différentes selon le pays destinataire (Union européenne ou pas, existence d’une convention conclue avec la France ou pas…)
Les bons réseaux
Il n’existe pas d’outil rassemblant l’ensemble des postes proposés à l’étranger pour les enseignants français. L’information est donc un peu éparse. Voici les principaux réseaux à connaître.
AEFE (Agence pour l’enseignement français à l’étranger).
L’AEFE est l’opérateur public sous tutelle du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, qui coordonne les 580 établissements d’enseignement français –parmi lesquels 50 établissements catholiques – implantés dans 139 pays. Il faut consulter le site régulièrement (onglet contrat local auquel vous avez accès), les établissements anticipant largement leurs recrutements.
Réseau de l’Enseignement catholique
L’Enseignement catholique est présent dans 107 pays. Il est donc possible de se mettre directement en relation avec ces établissements en fonction du pays choisi. Dans certains pays, les établissements se sont regroupés comme le Réseau des écoles catholiques françaises de Turquie (AECFT) qui dispose de 5 établissements à Istambul et d’un autre à Izmir. «Les personnes intéressées par ces établissements très engagés dans la valorisation de la culture française peuvent me contacter directement», précise Louis-Marie Piron.
lm-piron@enseignement-catholique.fr
Réseaux des congrégations
De nombreuses congrégations disposent d’établissements à l’étranger dans lesquels il est possible de postuler. C’est le cas des congrégations Jésuites, des Lasalliens, des Sœurs de Saint-Joseph de Cluny, des Vincentiens… Certaines comme les Salésiens de Don Bosco proposent un service spécifique d’offres d’emplois à l’international.
www.donbosco-mobilites.international/inscription/
DCC (Délégation catholique pour la coopération)
Avec la DCC, on se situe dans une pure démarche de solidarité internationale. La Délégation propose des missions courtes (de 3 mois), des missions solidaires (3 à 6 mois), ou un VSI (Volontariat de solidarité Internationale) d’une durée d’une à deux années renouvelables. Dans le même esprit, Fidesco (ONG catholique de solidarité internationale), l’Oeuvre d’Orient ou encore le Réseau Barnabé. Ces associations proposent des formations avant le départ.
www.ladcc.org/volontariat-dcc/