Publié le : 26 juillet 2016
Pour une laïcité qui laisse une place aux religions
Parmi les conférences données par Claude Thélot, sociologue et expert du système éducatif, à l’École des cadres missionnés (ECM), centre de formation de l’enseignement catholique, plusieurs ont abordé la notion de laïcité et le vivre ensemble.
« Il faut que l’enseignant du XXIe siècle comprenne que l’éducation au vivre ensemble est devenue centrale », lance Claude Thélot, sociologue de l’éducation, devant un parterre d’une centaine de chefs d’établissement et de responsables de l’enseignement catholique, réunis le 24 mars 2015, à Montrouge, en banlieue parisienne. Avant de préciser sa pensée : « Il est erroné de mettre l’expression de foi dans la pure sphère privée ».
Ce débat, inclus dans un cycle de conférences proposées par l’ECM, École des cadres missionnés, portait sur « Laïcité et religions. Quelle articulation dans la France d’aujourd’hui ? ». Le public, studieux, faisait plus qu’écouter et questionner, avec en tête l’équation, posée par Claude Thélot : « La République ne reconnaît aucun culte, selon la loi de 1905. Mais elle se doit de connaître, non d’ignorer, les dimensions religieuses, spirituelles, de croyances. Sauf à prendre des risques… Dans notre pays, la tentation est d’assimiler la laïcité à un espace neutre ». Et encore : « On a longtemps cru que le développement et la modernité allaient faire disparaître les attentes religieuses. Bien au contraire, l’influence religieuse est croissante, et nombre de personnes ont une lecture religieuse des événements du monde ».
Dès lors, insiste Claude Thélot, « une des conséquences positives de la laïcité devrait être l’enseignement du fait religieux… y compris dans l’enseignement catholique, en plus de la catéchèse. C’est une urgence ! ». Il propose pour cela de sanctuariser, non un enseignement à part, mais un temps spécifique et obligatoire, proposé « doucement au collège, avant de lui donner sa pleine force au lycée ». Il serait, enfin, confié non à un seul professeur, mais à « un binôme d’enseignants, avec des intervenants extérieurs, et en s’éloignant de la simple histoire des religions ».
Pourquoi ne pas aussi « faire de ce temps sur le fait religieux un bloc avec l’enseignement moral et civique, en alternance, sous une thématique commune : "éduquer, apprendre à vivre ensemble" », avance l’expert, toujours maître honoraire à la Cour des comptes après avoir présidé, dans les années 2000, le Haut conseil de l’évaluation de l’École, ainsi que la Commission du débat national sur l’avenir de l’École.
Nul doute qu’il ait ainsi nourri les attentes des chefs d’établissement, tel Jean-François Simon, directeur du collège Saint-Hélier à Rennes (35). « Je souhaitais être aidé à penser la laïcité pour mon quotidien, celui des questions des familles et élèves de toutes religions », a-t-il expliqué. Ou encore de Dominique Evenno, directrice du collège Sainte-Thérèse à Muzillac (56) qui se demande « comment apprendre à vivre ensemble, et que proposer à chacun, face aux motivations très diverses de familles de toute confession, choisissant l’enseignement catholique ? Notre mission porte aussi sur l’évangélisation et donc l’écoute des familles… ».
(1). Sociologue et expert du système éducatif, Claude Thélot est conseiller maître honoraire à la Cour des comptes. Il a présidé dans les années 2000 le Haut conseil de l’évaluation de l’École, ainsi que la Commission du débat national sur l’avenir de l’École.
Outiller les cadres de l’enseignement catholique à analyser les questionnements sociétaux, leur ouvrir un espace de dialogue sur ces thématiques, connaître le positionnement des chrétiens. Pour toutes ces raisons, Nathalie Tretiakow, directrice de l’ECM a sollicité Claude Thélot, fondateur avec Jean-Pierre Kerboul de l’association Déchiffrer notre époque.
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À visiter également
Le site de l'Ecole des cadres missionnés, co-organisatrice de ces conférences-débats.
Issu de l'ECA n° 366, avril 2015 - mai 2015