Mis à jour le : 24 octobre 2024 / Publié le : 24 octobre 2018

Guerre 14-18: mobilisation générale

Labellisé par le ministère de la Défense, un travail de mémoire pluri-disciplinaire et multi-établissements sur la guerre de 14-18 se décline en une série de réalisations artistiques ambitieuses… Le projet implique directement 700 élèves de l’enseignement catholique des Yvelines et de l’Eure et 33 de leurs professeurs mais impacte l'ensemble de la communauté éducative de ces établissements.

Linogravures de gueules cassées

« Depuis un an, on a l’impression de la vivre cette guerre qu’on ne connaissait que par des chiffres, des dates, les pages de nos manuels », explique Théo, ancien élève de 3e du collège Sainte-Thérèse au Mesnil-Saint-Denis. Le projet Voix (re)tranchées l’a plongé dans une expérience sensible de la Grande Guerre, tout comme 699 élèves de la 3e à la terminale et 33 enseignants de quatre établissements : l’Institut de l’Immaculée, à Évreux (27), le collège Sainte-Thérèse, au Mesnil-Saint-Denis (78) et le collège du Sacré-Cœur et le lycée Notre-Dame-du-Grandchamp, à Versailles (78).

Investi avec 70 élèves dans le volet théâtral du projet, Théo a su transmettre sa vive émotion en incarnant l’un des rôles principaux du Grand Festin. Il y interprète un corbeau, qui se dispute une dépouille sur un champs de bataille, avec un pou et un rat, une fable sanglante dont les protagonistes rejouent la folie meurtrière des hommes.

@EricleMarois

Les auteurs, Christine Méron, enseignante de français à l'Institut de l'Immaculée, et Guillaume de Moura, homme de théâtre qui a initié l'aventure esthétique de Voix (re)tranchées en invitant les établissements à collaborer au projet de sa compagnie (Compagnie l'air de rien), revendiquent une forme d’atrocité qui confine au burlesque : « L’objectif est de saisir le spectateur, pour le faire entrer de plain-pied dans la réalité de cette boucherie, et pour la mettre en résonance avec des formes actuelles de barbarie. » explique Guillaume de Moura, laissant Chrsitine Méron compléter: « approcher de manière sensible des événements qui relèvent, sur leur curseur chronologique personnel de la préhistoire permet aux élèves de ressentir ce que furent l'horreur des tranchées, la cruauté des combats, la solidarité entre ennemis, le désespoir, la douleur et le chagrin des soldats et de leurs familles. »

Reprendre le flambeau du devoir de mémoire

Les élèves se sont passionnés pour le projet. Au final, plus de 1 800 contributions écrites ont permis de réaliser un recueil de 350 pages (édité aux par Tiret du 6) et une exposition itinérante. Les textes fournis relèvent en grande partie d’un immense échange épistolaire trilingue en forme de jeu de rôle. Les élèves y endossent l’identité d’un personnage d’époque vivant en France, en Grande-Bretagne ou en Allemagne : une femme de soldat faisant tourner la ferme, un poilu, un médecin dans un hôpital de campagne, une jeune fille travaillant dans une usine d’armement…

Ces lettres s’inspirent de nombreux témoignages et documents d’époque recueillis dans les familles mais aussi de recherches personnelles sur Internet, de livres et de films, parmi lesquels l’excellent Au revoir là-haut. « Les élèves ont croisé souvenirs familiaux enfouis et mémoire historique : l’arrière-grand-père pris dans l’enfer des Dardanelles ou l’arrière-grand-oncle mutilé dans la Somme. Cela a dynamisé le projet », apprécie Sylvie Lemonnier, enseignante de lettres à l’Institut de l’Immaculée.

Guillaume, élève de 1re à Notre-Dame-de-Grandchamp, confirme avoir vécu le projet comme « une façon de montrer aux anciens que l’on reprend le flambeau du devoir de mémoire ». « On a libéré les “voix re-tranchées” et on a eu carte blanche pour le faire, explique-t-il. Il y a eu des poèmes magnifiques, beaucoup de BD et j’ai contribué à l’analyse musicale d’une chanson antimilitariste américaine, en tant que pianiste. »

© Photos - Philippe FRETAULT

C’est en anglais aussi que Charlotte, en terminale S à Grandchamp, a étudié l’histoire de l’escadrille La Fayette puis, en bonne scientifique, a consacré ses temps libres à la réalisation d’une maquette d’avion : « Un projet chronophage parce que j’avais envie de payer de ma personne, en hommage à tous ces soldats qui ont tant donné », déclare celle qui a beaucoup apprécié « les rencontres émouvantes avec les anciens et toutes ces anecdotes qui nous démontrent combien la guerre a modelé notre époque, en participant à l’émancipation des femmes par exemple. »

 

Gueules cassées

Les gueules cassées ont inspiré de multiples travaux d’arts plastiques et les visites des monuments aux morts, de savoureux textes d’invention. L’étude des avancées technologiques liées à la guerre – médecine, chimie, télécommunications – ont permis une large association des disciplines scientifiques et donné lieu à une exposition sur Marie Curie dont les antennes radiographiques mobiles ont sillonné les champs de bataille.

Jusqu’au brevet blanc du Sacré-Cœur dont un exercice consistait à comparer le volume de terre pelleté à la main par les poilus à celui déblayé par les machines qui ont creusé le tunnel sous la Manche. « Il m’a valu des commentaires des élèves critiques voire philosophiques sur les copies montrant que Voix (re)tranchées a contribué à faire de nos jeunes des artisans de paix », se félicite Marie-Christine Falewee, enseignante de maths. Cette responsable de niveau et actrice du Grand Festin poursuit : « Des amitiés sont nées et persistent entre élèves d’établissements aux profils fort différents ; les profs ont apprécié de travailler autrement, collaborant davantage entre eux et entrant dans des relations plus riches avec les élèves. »

 

Citoyenneté, humanisme, partage de valeurs communes… cette entreprise, labellisée par le ministère de la Défense illustre bien le souci de formation intégrale de l'enseignement catholique: Tout en créant du lien, elle participe à forger une conscience historique chez les jeunes et à la sédimenter par l’expérience artistique.

Après une résidence pendant les dernières vacances de la Toussaint, les 70 théâtreux se retrouveront pour deux représentations, tandis que, le 11 novembre prochain, les professeurs et élèves des maîtrises du Sacré-Cœur et de Grandchamp animeront ensemble la messe à la cathédrale Saint-Louis de Versailles présidée par Mgr Aumonier. Entre les escales de l’exposition itinérante et les différents salons du livre, tels le prestigieux Histoire de lire à Versailles où sera présenté l’ouvrage éponyme, les voix des 18 millions de morts de 14-18 n’en ont pas fini de résonner !

Les rendez-vous à suivre

Une exposition itinérante


2 OCT - 18 NOV : Saint-Rémy-lès-Chevreuse
2 - 19 NOVEMBRE : Mairie de Versailles
6 - 15 NOVEMBRE : Préfecture de l'Eure
17 - 18 NOVEMBRE : Le Cadran à Évreux

Recueil de correspondances fictives de guerre de 350 pages

Édité par la maison d'édition Tiret du 6 , il sera présenté
notamment les 24 & 25 novembre 2018, au Salon Histoire de Lire, à Versailles

À noter aussi, un rendez-vous dédicace chez Gibert Joseph (Évreux), 10 NOVEMBRE 2018.

Deux créations théâtrales

Elles réuniront 120 élèves qui interprèteront une mise en scène professionnelle inspirée des textes co-écrits à l'occasion des correspondances fictives.

 

10 NOVEMBRE - 20h30
Théâtre Jean Racine à Saint-Rémy-Les-Chevreuse
18 NOVEMBRE - 17h00
Le Cadran, Grande Salle à Évreux

 

18 NOVEMBRE - 17h00
Le Cadran, Grande Salle à Évreux

Ci-dessus, le clip présentation du projet...

Ci-dessus, le clip présentation du spectacle...

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