Mis à jour le : 21 avril 2017 / Publié le : 21 avril 2017

Des services civiques à l’international

Au titre de la mission de coopération internationale qui lui est dévolue, l'enseignement agricole accueille, dans le cadre d'un service civique dit de réciprocité, de jeunes volontaires étranger. Le Lycée Rochefeuille de Mayenne (53) accueille un jeune indien dans le cadre d'un service civique de réciprocité. Rencontre et échanges passionnants avec Pranjal Tiwari, indien de 24 ans, engagé pour une année au lycée Rochefeuille de Mayenne (53).

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Patrick Pavy, directeur du lycée Rochefeuille de Mayenne et Pranjal Tiwara. © cneap

Mercredi 22 mars, rendez-vous au Lycée Rochefeuille de Mayenne (53) pour rencontrer Pranjal Tiwari, jeune indien de 24 ans originaire de Pondichéry qui effectue un service civique de réciprocité (accueil en France d’un jeune volontaire du service civique étranger) au sein de l’établissement le temps d’une année scolaire.

Dans l’enseignement agricole, la mobilité des élèves et des enseignants est courante, mais il faut savoir que les établissements peuvent également accueillir des jeunes étrangers dans le cadre d’un service civique de réciprocité, d’un stage, ou encore d’un échange : c’est l’accueil et la « mobilité entrante » qui font partie intégrante de notre mission de coopération internationale !

Cette année, l’enseignement catholique (établissements du SGEC et du CNEAP) accueille près de 300 jeunes en service civique. La particularité de Pranjal, c’est que c’est le seul originaire d’un autre pays que la France.

 

De Pondichéry à Mayenne ?

Pranjal travaillait pour l’ONG Sharana basée à Pondichéry où il a grandi au sein d’une famille ouverte sur le monde - sa maman est traductrice, son oncle, enseigne l’anglais au lycée français. C’est la présidente de cette ONG qui a proposé une mission de service civique à Pranjal. Souhaitant d’abord terminer son Master, il a reporté cette opportunité d’une année. Et le moment venu, il a été mis en relation avec l’espace France Volontaires Inde afin d’enclencher la procédure !

Il a ainsi rédigé une lettre de motivation et joint son CV à l’attention d’Assouati, représentante de France Volontaires en Inde. Pranjal a placé le développement et la qualité des relations interculturelles au cœur de son projet et insiste sur la nécessaire joie d’apprendre dans le cadre d’une formation. C’est certes ambitieux, mais totalement en accord avec le projet professionnel de Pranjal qui souhaite pouvoir créer des ponts entre les cultures.

Son dossier retenu a été proposé à plusieurs établissements des Pays de la Loire dont celui de Mayenne. Patrick Pavy, chef d’établissement a alors proposé un entretien à Pranjal via Skype. La notion de « joie d’apprendre » a particulièrement retenu son attention car elle s’accorde avec ce que l’enseignement agricole préconise : mettre l’élève en situation de réussite en le plaçant au cœur du système d’apprentissage et en le rendant acteur de sa réussite. De plus, le chef d’établissement souhaitait pouvoir accueillir un jeune anglophone non natif pour qu’il puisse transmettre « cette joie d’apprendre » dans le cadre de l'apprentissage d'une langue étrangère.

L’Espace France Volontaires de Pondichéry et le Lycée de Mayenne ont donc validé la candidature de Pranjal et ce sont ensuite les démarches administratives permettant son arrivée à Mayenne qui ont été mises en place. L’investissement et le professionnalisme de France Volontaires ont, dans ce cadre, grandement facilité les choses. L’Agence du service civique et la FNOGEC ont également apporté leur aide au Lycée de Mayenne.

Pranjal est arrivé à Mayenne le 18 novembre dernier. Accueilli chez Patrick Pavy le week-end précédent son intégration au lycée, il s’est immédiatement montré très enthousiaste et déjà quelques préjugés sont tombés ! il l’avoue lui-même, il avait une représentation des français comme étant froids et difficiles à « apprivoiser »… il ne s’attendait donc pas à cet accueil si chaleureux que lui a réservé l’équipe de Mayenne !

Dès le lundi suivant, Pranjal s’est présenté à l’ensemble des classes. Les élèves, parfois timides, souvent curieux et intéressés, l’ont très vite intégré. L’équipe pédagogique et éducative, quant à elle, avait eu un premier contact avec lui un mois avant son arrivée, toujours via Skype. C’est d’ailleurs vers cette équipe que Pranjal s’est d’abord tourné « j’avais peur de ne pas bien maitriser la langue et du coup, j’appréhendais la première confrontation avec les élèves ».

Des missions bien définies

Assister aux cours d’anglais et animer des séances en anglais

Il était important que le jeune retenu pour ce service civique réciprocité soit un anglophone non natif. Cela facilite en effet grandement le contact et la compréhension pour les jeunes élèves et surtout « dédramatise » l’apprentissage de l’anglais !

Patrick Pavy a misé sur la notion de « joie d’apprendre » mentionnée par Pranjal dans sa lettre de candidature. En effet, les élèves disent souvent « je suis nul », « j’y arriverai pas », « j’comprends rien ». Pranjal souhaite leur montrer que l’anglais n’est pas plus compliqué que le français, qu’une langue étrangère est avant tout un outil de communication comme un autre qu’il peut être satisfaisant et amusant d’apprendre à utiliser. Et peu à peu il y parvient !

En effet, quelques semaines après son arrivée, il a mis en place des séances d’anglais sous la forme de jeux de rôle, de mises en situation par niveau…On n’y fait pas d’anglais…on échange et on discute sur ce qui intéresse les jeunes. Peu fréquentés dans un premier temps, ces ateliers font aujourd’hui de plus en plus d’adeptes. Les volontaires s’inscrivent plus volontiers, ce qui réjouit Pranjal et l’encourage à poursuivre cette méthode !

 

Faciliter l’interculturalité via des ateliers animations
autour de la culture indienne

Avec le soutien de l’équipe de Vie Scolaire, Pranjal propose également des animations. Depuis son arrivée, les élèves qui le souhaitent ont ainsi eu l’occasion de participer à une soirée Bollywood, un atelier de henné, une séance de cricket, un atelier autour de la tenue indienne traditionnelle - le sari, un repas partagé dont la recette sera reversée à l’association Shanara pour laquelle Pranjal travaillait avant son arrivée à Mayenne. D’autres ateliers sont en cours d’organisation, notamment un atelier cuisine autour des épices !

 

Des échanges gagnant-gagnant

Pour Pranjal ?

Depuis son arrivée en novembre, il a gagné en confiance en lui et est de plus en plus à l’aise pour échanger en français. Il le faisait déjà assez facilement à son arrivée, mais aujourd’hui, se sent plus à même de converser avec les élèves. Il admet que les relations sont particulièrement faciles avec les élèves de 4ème et 3ème. D’un point de vue plus personnel, cette expérience de service civique lui donne l’occasion de vivre loin de sa famille pour la première fois ! Un véritable défi quand cela se passe à des milliers de kilomètres de son cocon familial ! Pranjal est donc en plein apprentissage de l’autonomie, de la responsabilisation. Cela passe aussi par la bonne gestion d’un budget !

Bien sûr, il peut compter sur l’aide et le soutien de Patrick Pavy, jamais bien loin ! Mais depuis son arrivée, il fait preuve d’une grande débrouillardise, manifeste son goût pour l’aventure et la découverte. Il est devenu un habitué de Blablacar et sillonne le pays et l’Europe lorsqu’il en a la possibilité !

Toute l’équipe pédagogique et éducative veille également à ce qu’il se sente bien au sein de la grande famille de Rochefeuille. Il a pu passer plusieurs week-end au sein des familles du lycée. Pranjal avoue aussi apprécier un peu de solitude de temps à autre, notamment pour constituer des dossiers de candidatures pour sa prochaine année d’étude qu’il aimerait envisager à Paris ou Berlin. A suivre !

Pranjal reconnaît enfin que certains préjugés sont tombés depuis qu’il vit au rythme français. L’un d’entre eux dit que les français sont pessimistes. Au contact des acteurs du lycée, voilà une idée vite balayée ! De son côté, il travaille aussi à faire tomber certaines idées reçues sur l’Inde et il admet que c’est un travail de longue haleine.

Et du côté des élèves ?

Souvent timides au début, les élèves de tous les niveaux de formation s’ouvrent peu à peu à l’Inde. Ils la découvrent un peu plus chaque jour au contact de Pranjal qui se pose la question suivante « Auraient-ils eu l’idée de s’intéresser à l’Inde si je n’étais pas là ? … pas certain ».

Dans la cour, à la cantine, les jeunes l’interpellent, le sollicitent. On sent une véritable complicité et un plaisir partagé, plus particulièrement avec les élèves de 4ème et 3ème. Des discussions et échanges autour de la famille, des relations fraternelles, de l’éducation ont lieu régulièrement. Ce qui a parfois déstabilisé Pranjal car ces discussions, assez « intimes », ont rarement lieu en Inde.

Tous les élèves s’ouvrent peu à peu à l’Inde. Et c’est Pranjal qui crée l’envie. Aujourd’hui, élèves et enseignants lui proposent spontanément de les accompagner à l’occasion de sorties sur le terrain ou de voyages d’études, ce qui est très instructif pour lui. Prochaine destination : l’Écosse, pour un voyage d’étude !

 

Et pour le Lycée de Rochefeuille ?

La présence de Pranjal incite à une prise de recul sur l’enseignement, sur les façons d’apprendre. Il y a de très nombreux échanges sur la « joie d’apprendre », jusqu’à générer un véritable laboratoire d’idées ! Il est un facteur d’ouverture.

Ses interventions en cours d’anglais ont nécessité, pour les enseignants, de travailler ensemble et de s’organiser autrement pour l’intégrer pleinement dans le processus d’apprentissage. Leur objectif commun est de faire de l’anglais une nécessité, c’est-à-dire une ouverture, une opportunité, un plaisir de communiquer autrement et de manière simple, et non une contrainte

 

Un service civique de réciprocité … et après ?!

Pour Pranjal qui possède déjà un bagage solide, le service civique qu’il effectue actuellement est une étape supplémentaire dans son parcours qui doit le mener à la carrière qu’il souhaite. En effet, après son service civique il vise deux options : Intégrer Sciences Po Paris ou un Master en Sciences politiques ou relations internationales à Berlin. Il souhaite s’orienter vers une carrière de cadre diplomatique avec un objectif très clair : développer des ponts culturels entre les pays.

Après 3 heures d’entretien, d’écoute et d’échanges avec Pranjal, nous n’imaginons pas autre chose qu’un parcours réussi pour ce jeune ouvert sur le monde et les autres ! Un exemple à suivre, sans aucun doute ! Il sera présent au Lycée Rochefeuille jusqu’à la fin de l’année scolaire.

Patrick Pavy précise pour finir « La distance entre Pondichéry et Mayenne n’est pas plus longue que celle entre Mayenne et Pondichéry » … À bon entendeur !

 

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