Les jeunes dans le Grand débat national

Qu’ont à dire les jeunes des grandes questions qui traversent la société française ? Le secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a réuni plusieurs réseaux associatifs qui les représentent, le 6 mars 2019, pour une première remontée de leur participations aux débats lancés mi-janvier sur tout le territoire par le Président de la République...
Ce alors que le 15 mars prochain, les lycées ont invités à banaliser des heures destinées à débattre des enjeux climatiques et des pistes de réponse à leur apporter.

Noémie Fossey-Sergent

Le 6 mars, Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, a présenté une première remontée de la participation des jeunes au Grand débat national, lancé mi-janvier sur tout le territoire par le Président de la République.

Cette large consultation, organisée autour de 4 grands thèmes (transition écologique, fiscalité et dépenses publiques, démocratie et citoyenneté, organisation de l’État et des services publics) a pris des formes différentes : réunions, contributions en ligne...

Plusieurs réseaux associatifs (dont Accropolis, Animafac, la Fédération des maisons des lycéens, la Jeune chambre économique française...), qui se sont mobilisés dès son lancement pour recueillir la parole des jeunes, étaient réunis par le secrétaire d’État pour partager leurs premiers constats. Certains avaient organisé des réunions entre jeunes, d’autres avaient mis au point des questionnaires en ligne ou proposé des échanges sur Internet avec des ministres.

« Il ressort que les jeunes ont un intérêt fort pour ce grand débat, a souligné Gabriel Attal. Mais il faut aller vers eux et mettre en place un cadre de confiance pour qu’ils s’expriment (...) car cela peut être intimidant pour eux de s’exprimer devant leurs aînés. »

La transition écologique est le thème qui les a le plus inspirés. Parmi leurs propositions : des transports en commun plus développés et moins chers, des plateformes de covoiturages plus nombreuses, une attention plus forte portée à l’impact écologique des grandes entreprises...

La question de la démocratie les a aussi interpellés : la reconnaissance du vote blanc rassemble beaucoup.

Jérémy Lefebvre,
co-fondateur d'Entendre la France

« On a créé l’association fin décembre 2018 en voyant le Grand débat national se mettre en place. Nous sommes trois jeunes actifs, ingénieurs et fans de nouvelles technologies. On voulait proposer aux jeunes des outils pour récolter des réponses. On a donc mis au point un outil ergonomique très simple : un questionnaire interactif permettant à fois de proposer des contributions libres et de répondre à des questions à choix multiples sur les thèmes du Grand débat national. Nous avons récolté 250 000 contributions. »

Le climat en débat dans les lycées vendredi 15 mars

 

Économies d’énergie, énergies renouvelables, lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore citoyenneté et solidarité face au changement climatique... Vendredi 15 mars, entre 16h et 18h, avec le concours des Conseils de la Vie Lycéenne (CVL) des réunions sur la thématique environnementale seront organisées dans les lycées de France, à la demande du ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer.
Les élèves, les enseignants et les personnels pourront débattre sur les enjeux climatiques et sur les propositions de réponses qui peuvent y être apportées, lors d’une séquence banalisée dans chaque lycée.
Les élus du CVL pourront ainsi relayer l’expression et les attentes des lycéens, et donner à ceux-ci les moyens de s’impliquer dans la transition écologique et le développement durable. L'objectif est de déboucher sur des propositions d'actions à mettre en œuvre au quotidien dans les établissements, de valoriser des projets pédagogiques, mais aussi de partager des ambitions sociétales et écologiques.
Une synthèse des propositions lycéennes sera remise au ministre par les représentants au Conseil académique de la vie lycéenne, lors de la réunion du Conseil national de la vie lycéenne qui se réunira le 5 avril prochain.

 Audran Demierre, président
de la plateforme Le French Débat 

« Le French débat est né fin 2016 au moment des élections présidentielles dans le but d’aider les jeunes à se forger une culture politique. Pour le Grand débat national, en partant du constat que les jeunes ne se déplaçaient pas aux réunions, on a eu l’idée de leur proposer de contribuer en ligne dès le 25 janvier dernier. On a reçu 850 contributions. Parmi nos premiers constats, beaucoup de participants seraient pour l’instauration du vote blanc. Par ailleurs, le remplacement de la JDC par le SNU est plutôt bien accueilli : même si les jeunes regrettent son côté obligatoire, ils saluent la mixité sociale qu’il permet. »

Jean Massiet,
fondateur d’Accropolis, chaîne de streaming qui décrypte en direct les débats et l’actualité politique

« On a fondé Accropolis en 2015 dans le but de rapprocher les jeunes des décideurs politiques, en faisant du décryptage, en organisant des débats... Le Grand débat national était donc tout à fait dans la ligne de ce qu’on faisait déjà. On a donc sollicité le gouvernement pour organiser un débat sur notre chaîne Twitch qui a fait un demi million de vues.
On a réalisé un gros travail de décryptage pour les 15-35 ans des grands thèmes du débat. Il ressort que sur les thèmes de la transition écologique, de la citoyenneté et de la démocratie, les jeunes partagent, dans les grandes lignes, les convictions des plus âgés.
Sur la forme, les jeunes sont comme les adultes : ils s’interrogent sur le flou qui entoure ce grand débat. À quoi cela va-t-il servir ? On a noté une certaine défiance chez eux car ils sont plus habitués à ce qu’on leur partage des convictions plutôt qu'à ce qu’on leur propose un débat en leur demandant leur avis. Beaucoup semblent désarçonnés par ce renversement des rôles. Lors des échanges en direct, les jeunes ont été touchés par la sincérité des ministres. »

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